Se former au secourisme canin

Se former au secourisme canin

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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs.

L'objectif de cette émission audiodisponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast, est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secret, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, qu'elles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

Nous recevons aujourd'hui Claude Brunet, pour évoquer le sujet du secourisme canin.

 

Présentation

Claude Brunet est déjà intervenu dans un précédent podcast, et vous pouvez retrouver notre article ici. Il y parle de son expérience militaire, et de secourisme en milieu hostile. Pour rappel, Claude est un ancien infirmier major de la Légion étrangère, au sein de laquelle il a servi durant 21 ans. Pendant son service, il a créé « SMH » (secourisme en milieu hostile, présent sur les réseaux sociaux) pour former d’anciens militaires qui partaient lutter contre la piraterie. Il a travaillé avec des institutions et des ambassades, et s’est diversifié dans d’autres domaines (canin, bucherons, trek…)

Il revient afin d’évoquer une nouvelle formation, dédiée notamment aux propriétaires de chiens, mais qui pourra servir plus globalement aux propriétaires d’animaux voire même à des randonneurs, car il y enseigne des techniques de brancardage transposable à un être humain.

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Une formation pour tous les propriétaires de chien

Claude évoque qu’il a déjà eu affaire à traiter des chiens, notamment en opex. Sans vétérinaire sur place, et malgré le manque de formation, l’infirmier devait aussi gérer les chiens : « on a dû apprendre un peu sur le tas ». Mais en tant que propriétaire de chien lui-même, c’est un sujet qui lui tient à cœur. « J’ai jeté un bâton à mon chien une fois, il s’est embroché sur 12cm de bois dans la gueule », explique l’ancien militaire qui était alors en vacances et à 1h30 de tout vétérinaire, et qui a dû s’en sortir seul.

Il considère que chaque propriétaire, qu’il soit particulier ou maître-chien dans une institution (militaire, policier, douanier…) doit savoir agir par lui-même au cas où les secours soient loin ou pas disponibles immédiatement, d’autant plus que pour un organisme de secours, le chien n’est pas prioritaire sur un humain. « Il faut être un bon primo-intervenant, il faut pouvoir le transporter jusqu’au vétérinaire le plus proche », assure Claude.

 

Pourquoi avoir créée une formation ?

Il a donc développé une formation, et a même travaillé avec des partenaires pour créer des produits spécifiques. « On est un des pays où la cynotechnie est la plus présente au monde, donc c’est vraiment un domaine où il faut investir et prendre en charge les chiens », explique Claude, surtout lorsque ceux-ci ont été formés pendant plusieurs années et représentent un investissement important pour les institutions : « il ne s’agit pas de les sacrifier comme ça, c’est pas un drone à 300€ ! En plus il y a de l’affect entre le maître et le chien, c’est très particulier. »

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Le parallèle secourisme milieu hostile/secourisme canin

Pour Claude, il existe un parallèle entre un soldat ayant recours au sauvetage au combat et un passant dans la rue victime d’un accident : « le militaire qui se casse la jambe en opex, à 2h du matin, au fin fond du Mali, et puis la personne qui va se casser la jambe en faisant du skateboard, le primo-intervenant va faire en gros les mêmes gestes ». Il fait ensuite le rapprochement entre un maître-chien au sein d’une institution et un propriétaire civil : « là c’est la même chose. Le chien va avoir une plaie soufflante, le militaire va avoir une plaie soufflante, ça va être la même prise en charge. » Si certains produits utilisés sont les mêmes pour un homme ou pour un chien (par exemple le dispositif hémostatique Woundclot), d’autres vont être adaptés spécifiquement conçu pour l’animal, notamment en termes de brancardage ou d’hélitreuillage, pour des raisons physiologiques.

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Pouvoir intervenir lors de situations exceptionnelles

Claude revient sur l’importance d’être formé au secourisme, quel que soit son âge ou sa profession, car cela peut être nécessaire à tout moment. Les actes terroristes qui ont touché la France ces dernières années ont montré que savoir poser un garrot ou comment agir sur une plaie pouvait sauver la vie de plusieurs personnes. Il peut aussi s’agir d’intervention lors de catastrophes naturelles : « on peut avoir une tornade par exemple, explique Claude, ou un tremblement de terre, une inondation. Il s’agit de cas non conformes, où les secours vont clairement être débordés, et il va falloir se débrouiller tout seul. Dans ces cas-là c’est soit « je suis formé, j’ai du matériel et je sais faire parce que je m’entraîne », soit inversement et mon chien va mourir, ou un humain. »

 

 

L’exemple d’une randonnée

Claude explique qu’il fait régulièrement des randonnées en montagne, et que l’organisation oblige d’avoir un petit kit médic, car les secours sont éloignés. « Le souci, pour son chien, souligne l’ancien militaire, surtout dans des pays étrangers, c’est que si on appelle les secours pour un chien, on va attendre un bon moment. Il faudra se débrouiller seul, l’amener chez le vétérinaire le plus proche et éviter qu’il ne meure en route. » Il faut donc savoir cadrer le chien, l’immobiliser, pour « qu’il arrive dans de bonnes conditions de douleurs jusqu’à la prise en charge vétérinaire. »

 

 

Formation et équipement, les trois cas de figures

Claude insiste sur la nécessité de savoir prendre en charge une hémorragie, car un chien qui perd l’équivalent de deux tasses à café de sang meurt. « Ça va vite ! Il faut vraiment être formé et s’équiper. » Les deux sont indissociables, car certains sont formés, ont des diplômes, mais aucun matériel. Inversement, « on a des survivalistes, des passionnés, qui sont équipés comme un porte-avions, ont huit garrots, douze hémostatiques, mais ne savent pas s’en servir. » Enfin, le dernier cas de figure est celui d’une personne formée il y a longtemps, car il a été militaire, ou pompier, « mais depuis il n’a rien fait. Il a un peu de matériel mais le jour où ça arrive, il ne se souvient plus de comment ça marcheIl n’y a pas de secret ; comme pour tout il faut travailler ses gammes. » Dans l’armée d’ailleurs, les militaires qui partent en opérations extérieures doivent d’abord suivre des stages pour justement « répéter les gammes, driller », et se remémorer tous les gestes techniques de la mise en place de pansement, de garrot etc.

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La répétition est d’ailleurs fondamentale dans le milieu du secourisme, car « il y a un stress important quand on est devant une victime ou devant son chien, il ne faut pas perdre de temps, économiser chaque goutte de sang. » Il faut aussi prendre en compte que le chien ne va pas se laisser faire facilement car il est blessé, d’où l’importance d’entraîner à la fois le maître mais aussi le chien.

 

 

La relation maître et chien

Si les liens entre un maître et son chien sont souvent qualifiés d’indissociables, c’est encore plus vrai dans certaines institutions (armée, gendarmerie…), où cet équipier à quatre pattes possède même un matricule et peut recevoir des médailles. La perte d’un chien est donc vécue comme un échec, et Claude avoue que pour lui, « entendre un chien gueuler [le] touche encore plus qu’un hommeC’est con à dire, mais l’homme on s’y habitue, alors qu’un chien, c’est comme une enfant, on n’est pas habitué. »

 

 

Un dernier conseil

Après avoir réalisé pendant plusieurs jours sa formation de secourisme canin, que nous conseillons à tous les propriétaires de chien, si Claude devait donner un dernier conseil ça serait de « nouer une relation avec son chien », de faire en sorte que son entrainement au secourisme (lui mettre un garrot, faire des exercices de brancardage etc) soit comme un jeu pour lui. Claude alternait les exercices, par exemple mettre un bandage sur la tête, ce que son chien n’aimait pas trop, avec une session de balle. Et ne pas en demander trop au chien d’un coup, mais privilégier la régularité (par exemple une fois par mois), pour que tout se passe bien le jour J. « Il faut faire le geste souvent pour qu’on puisse le faire d’une façon pro. »

Concernant le matériel, Claude rappelle qu’il faut toujours sur soi un petit kit pour soigner les plaies sur les coussinets, et un filet pour brancarder son chien en cas d’immobilisation. « Il faut avoir un petit fond de sac pour soi, mais aussi  un fond de sac pour son animal de compagnie. »

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