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Le risque Nucléaire, Radiologique, Biochimique et Chimique

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Le risque NRBC qualifie les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques. Il peut s’agir d’accidents mais également d’actes criminels, durant lesquels des éléments nocifs se répandent dans l’environnement.


Qu’est-ce que le risque NRBC ?

Nucléaire, radioactif, biologique et chimique, derrière ces quatre termes se distinguent des risques différents dont les approches nécessitent  des protocoles particuliers  mis en en oeuvres par des unités spécialisées au sein des services de défense et/ou de sécurité.

 

Nucléaire et Radiologique

Les risques nucléaire et radiologique représentent les risques liés à des éléments radioactifs. Il faut toutefois faire la différence entre ces deux termes.

Le terme nucléaire se rapporte aux propriétés des noyaux d’atomes. Les réactions les plus connues sont les fissions de noyaux (production d’électricité dans une centrale nucléaire, propulsion nucléaire dans un navire ou sous-marin, bombe nucléaire de type A) ou les fusions de noyaux (bombe nucléaire de type H). Un accident est qualifié de nucléaire lorsqu’il y présente une forte émission d’éléments radioactifs dans l’environnement et/ou une forte irradiation. Il peut se produire dans une centrale nucléaire, une installation nucléaire de base ou de proximité (qui produit, conditionne, stocke ou retraite le combustible), lors du transport de matières radioactives ou lors de la dispersion involontaire ou malveillante de ces substances.

Les événements majeurs sont les accidents de Tchernobyl (URSS, 1986) et de Fukushima (Japon, 2011) et la seule utilisation de l’arme nucléaire par les Etats-Unis contre le Japon (Hiroshima et Nagasaki, 1945).

Panneau radioactif, Tchernobyl, Ukraine

Le terme radiologique quant à lui se rapporte aux rayonnements. Les utilisations les plus répandues sont en médecine, notamment en imagerie médicale. La fabrication d’une arme radiologique est également possible, on parle alors de dispositif de dispersion radiologique (DDR). Il s’agit d’une bombe enveloppée d’éléments radioactifs, dispersés en poussière lors de l’explosion. L’objectif est moins de détruire que de contaminer un lieu et ses occupants. La matière radioactive (cobalt 60, césium 137, radium 226…) est plus facile à trouver que les matériaux pour une arme nucléaire. Toutefois, bien que certains militants aient tenté ou prévu de fabriquer des bombes radiologiques, aucune explosion n’a actuellement été recensée.

Les risques liés aux accidents nucléaires ou radiologiques sont de deux types : l’exposition externe (rayonnement et dépôt au sol du nuage radioactif) et la contamination interne (ingestion d’aliment contaminé, inhalation d’air contaminé, absorption d’éléments radioactifs par une plaie ouverte). Les effets sur l’organisme humain dépendent de la dose absorbée.


Biologique

Les risques biologiques représentent les risques liés à des micro-organismes pathogènes ou à leurs toxines. Il peut s’agir de virus, de bactéries, de champignons ou de parasites, dirigés contre des personnes, des animaux ou des cultures. La plus grande faculté du micro-organisme est de pouvoir se répliquer et donc se répandre à grande ampleur même si la concentration initiale est faible.

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On distingue les armes des dangers biologiques.

Les armes biologiques sont utilisées depuis l’Antiquité contre des forces armées ou des populations adverses. Leur puissance est telle que leur utilisation est interdite depuis le Protocole de Genève datant du 17 juin 1925 ; elles sont en outre classées comme arme de destruction massive depuis les années 1940. Ces armes sont classées en trois catégories :

  • Catégorie A : les armes de cette catégorie sont les plus dangereuses car le micro-organisme disséminé peut causer des pertes importantes voire décimer des populations. Cette catégorie regroupe des bactéries (maladie du charbon, peste, tularémie…), virus (variole, fièvres hémorragiques…) et toxines (botulisme…)
  • Catégorie B : les agents biologiques de cette catégorie sont moins puissants que ceux de la catégorie A mais peuvent aussi être exploités à grande échelle. On trouve dans cette catégorie des bactéries (brucellose, morve, mélioïdose…) et des toxines (ricine…) 
  • Catégorie C : ces armes (fièvre jaune…) ont actuellement une dangerosité limitée mais pourraient représenter une réelle menace en cas de manipulation génétique.

Les attaques biologiques ont jusqu’ici été peu nombreuses, mais inquiètent par leur fort potentiel à déstabiliser un pays ou décimer une population. Entre 1981 et 1993, le « Project Coast » réunit 200 spécialistes dirigés par Wouter Basson afin de trouver le moyen de réduire la population noire en Afrique du Sud. En 2001, des enveloppes contenant le bacille du charbon ont été à l’origine de cinq morts aux Etats-Unis, juste après les attentats du 11 septembre.


Les dangers biologiques sont des agents infectieux classées selon quatre niveaux par le Centre de prévention et de contrôle des maladies des Etats-Unis :

  • Niveau 1 : comporte les agents qui ne causent pas de maladie chez l’adulte en bonne santé (hépatite canine, varicelle, Escherichia coli…)
  • Niveau 2 : comporte les agents responsables de maladies humaines et dont la transmission s’effectue par voie sanguine (blessure) ou interne (ingestion, contact d’une muqueuse) (grippe, VIH, hépatites B et C, maladie de Lyme, salmonelles…)
  • Niveau 3 : comporte les agents exotiques ou indigènes dont la transmission est possible par l’air et aux conséquences graves voire mortelles (anthrax, tuberculose, coronavirus, typhus, fièvre jaune…)
  • Niveau 4 : comporte les agents exotiques ou dangereux dont la transmission s’effectue par l’air ou de manière inconnue, et dont le risque de décès est élevé (fièvre hémorragique, Hantavirus, fièvre d’Ebola…)

Plusieurs pandémies ont marqué l’Histoire : la peste d’Antonin en 165, causée en réalité par la variole, fait dix millions de morts en onze ans dans l’empire romain ; la peste noire cause entre 25 et 40 millions de morts en Europe entre 1347 et 1352 (entre un tiers et la moitié de la population européenne) ; la grippe espagnole en 1818 provoque entre 20 et 30 millions de morts en Europe, 50 millions dans le monde (un tiers de la population mondiale a été infecté) ; le virus du sida, détecté en 1981, engendre deux millions de morts par an au plus fort de l’épidémie et continue aujourd’hui encore de faire des victimes ; plus récemment et toujours en cours, le covid-19 a fait 4,3 millions de morts dans le monde.


Chimique

Les risques chimiques représentent les risques liés à des substances liquides, gazeuses ou solides dont la toxicité peut blesser voire tuer un être vivant. Les agents chimiques se divisent en deux catégories : les produits industriels (chlore, acide cyanhydrique, thallium…) et les armes chimiques.

Ces armes sont conçues dans un but militaire pour provoquer une incapacité chez l’ennemi à court terme (agent neutralisant) ou sur le long terme (agent incapacitant), voire pour provoquer la mort (agent létal). Elles sont classées selon leur mode d’action :

  • Gaz asphyxiant ou suffocant : liquide volatile s’attaquant aux muqueuses des gencives lorsqu’il est inhalé sous forme gazeuse (chlore, phosgène…)
  • Vésicant : liquide huileux causant des brûlures sur la peau (ypérite ou gaz moutarde, lewisite…)
  • Hémotoxique : toxine du sang entrant dans l’organisme par voie respiratoire et provoquant l’asphyxie (cyanure d’hydrogène, chlorure de cyanogène…)
  • Neurotoxique organophosphoré : agent chimique le plus dangereux, il s’introduit dans l’organisme par voie respiratoire ou cutanée et altère le fonctionnement du système nerveux et des fonctions vitales jusqu’à la mort (gaz sarin, soman, gaz tabun…)

L’utilisation d’armes chimiques pendant la Première Guerre mondiale a causé 1,2 millions de victimes (dont 280 000 morts) et a choqué l’opinion publique. Le Protocole de Genève de 1925 limite ainsi leur utilisation, mais non leur fabrication. A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, plus de 2,3 millions tirs d’obus sont disponibles ; ils ne seront heureusement pas utilisés. Dans les années 2000 plusieurs attaques surviennent (Egypte pendant la guerre civile du Nord-Yémen entre 1962 et 1967, Etats-Unis pendant la guerre du Viêt Nam entre 1955 et 1975, attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995, armée syrienne pendant la guerre civile en 2017, tentative d’attaque à l’arme chimique par Daech en Allemagne en 2018)

Attentat gaz sarin métro Tokyo

Des accidents surviennent également, comme l’explosion de stock de nitrate d’ammonium le 21 septembre 2001 dans l’usine AZF de Toulouse ou le 4 août 2020 dans le port de Beyrouth


Réagir à un événement NRBC

En cas d'événement NRBC, le personnel intervenant s’équipe de tenue de protection afin de procéder à des analyses sur la zone et secourir les victimes. Celles-ci sont prises en charge pour être décontaminées en suivant scrupuleusement chacune des étapes de la chaîne de décontamination.


La tenue de protection NRBC

Il existe plusieurs niveaux de protection, adaptés aux risques, à la durée d’exposition et à la proximité avec la source nocive.

La tenue de type 4 est une combinaison étanche aux aérosols mais avec une faible résistance aux liquides. Elle est utilisée pour les interventions type « poudre suspecte » ou comme sous-couche de protection, jetable et à faible coût (moins de dix euros).

La tenue de type 3 aussi appelée tenue légère de décontamination (TLD) est une combinaison à utilisation unique, peu chère (entre 20 et 25 euros). En matière plastique, elle est étanche et avec une bonne résistance aux liquides, mais peut provoquer une hyperthermie si elle est portée trop longtemps.

La tenue de protection à port permanent (T3P) est une combinaison conçue avec plusieurs couches, dont une de charbon actif. Au contraire des tenues de type 3 et 4 qui sont étanches, la T3P est filtrante ce qui augmente son confort et sa durée de port.

Le sur-vêtement de protection à port permanent (S3P) est une tenue destinée aux combattants. Il s’enfile rapidement et permet au militaire d’être protégé tout en continuant sa mission dans les zones contaminées. Le S3P, notamment composé d’une vareuse avec cagoule et d’un pantalon en textile composite, offre une protection pendant 24 heures.

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A l’ensemble de ces tenues doivent s’ajouter d’autres éléments de protection.

On compte notamment l’appareil normal de protection à visière panoramique (ANP VP), couramment appelé masque à gaz, qui protège le visage et filtre l’air grâce à une cartouche filtrante. Celle-ci stoppe les vapeurs, aérosols et poussières pendant 20 minutes.

Lorsqu’un ANP n’est pas nécessaire, il peut être remplacé par un masque protégeant des poussières, des aérosols liquides et des projections de liquides.

Les gants peuvent être en nitrile (contre les huiles, hydrocarbures, graisses…), en butyle (contre les projections chimiques et les gaz) ou cryogéniques (contre le froid, par exemple contre les projections d’azote liquide).

Les chaussures sont soit des bottes répondant à certaines normes de résistance à la chaleur, aux produits chimiques etc (type industrie pétrolière par exemple), soit protégées par des sur-bottes, soit intégrées directement dans la combinaison.

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Enfin, la tenue de type 1 ou scaphandre GR est un vêtement imperméable protégeant contre les produits chimiques liquides et gazeux. L’appareil respiratoire isolant (ARI) comporte une bouteille d’oxygène reliée au masque, et peut être porté à l’intérieur ou à l’extérieur de la combinaison, selon le modèle. Les bottes sont intégrées à la tenue, et les gants en néoprène sont fixés mécaniquement à une bague.


La chaîne de décontamination

Lorsqu’un accident ou une attaque NRBC survient, une procédure interministérielle est mise en place, notamment par l’installation d’une chaîne de décontamination. Celle-ci évite l’aggravation des symptômes sur les personnes touchées, mais également le transfert de contamination à d’autres personnes (particulièrement aux équipes intervenantes et soignantes). Selon la gravité de l’évènement, de nombreux services peuvent être impliqués : armées, pompiers, SAMU, police, gendarmerie…

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Plusieurs étapes servent à prendre en charge les victimes.

Après une attaque ou un accident, la zone d’exclusion délimite la zone contaminée, dans laquelle le personnel intervenant doit être muni de tenue de protection. A noter que lors d’une attaque, les primo-intervenants ne sont pas toujours équipés de leur tenue NRBC.

Les secours regroupent l’ensemble des personnes touchées au point de rassemblement des victimes. Un premier contrôle de la contamination permet de déterminer la catégorie du produit utilisé tout en procédant à une évaluation clinique.

Le traitement se résume en un déshabillage qui élimine 90% de la contamination, une première décontamination de la peau grâce à un gant recouvert d’une poudre hyper-absorbante (décontamination sèche), l’administration d’un antidote (antropine…) puis une douche décontaminante. Les victimes sont ensuite transférées à l’hôpital pour recevoir des soins complémentaires.

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Pendant que les victimes sont prises en charge, l’enquête menée par la police judiciaire débute déjà. Elle s’occupe de récolter les éléments matériels (traces papillaires ou ADN, objets…), effectue des mesures (taux de radiation…), réalise des photos de la zone, et recueille les identités complètes et les témoignages des victimes.

A la fin de l'événement ou lorsqu’il est relayé, le personnel intervenant doit lui aussi recourir à la chaîne de décontamination. Pour éviter les risques de contamination croisée, il ne se déshabille pas tout seul. Il se place debout, bras en croix, pendant qu’une deuxième personne découpe sa combinaison (du haut vers le bas) en roulant le tissu vers l’extérieur, puis lui retire son masque et ses gants. Le matériel des combattants (surtout l’armement) sont pris en charge par des unités militaires de décontamination.

 

 

Les unités spécialisées de lutte NRBC en France

En France, les forces de défense, de sécurité et de secours (militaires, gendarmes, policiers, pompiers…) participent à un module NRBC durant leur formation, afin de connaître ces risques et savoir comment réagir en cas d’accident ou d’attaque nucléaire, radiologique, biologique ou chimique. Toutefois, certaines unités sont spécialisées dans la lutte NRBC.

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Le 2e régiment de dragons de l’armée de Terre

Basé à Fontevraud-l’Abbaye en Maine-et-Loire, le 2e régiment de dragons ou 2e RD est la seule unité de l’armée de Terre spécialisée dans la lutte NRBC. Il intervient sur les théâtres extérieurs (opérations Barkhane, Chammal…) mais également sur le territoire national (opération Résilience…), en mettant à profit son expertise pour évaluer et traiter les menaces NRBC. Il contribue également à lutter contre la prolifération des armes de destruction massive.

Un millier de militaires composent ce régiment, répartis en sept escadrons. Cinq escadrons détiennent des pelotons de décontamination (du personnel et du matériel), de reconnaissance mobile embarquée (zone contaminée, itinéraire…), et d’équipes de reconnaissance et évaluation armées (prélèvements). Un escadron est dédié au commandement et à la logistique, le dernier est de réserve.


 


Les unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité Civile (UIISC) 1 et 7

Créée en 1978, l’unité d’instruction et d’intervention de la Sécurité Civile 1 (UIISC 1) est basée à Nogent-le-Rotrou en Eure-et-Loir et compte 560 sapeurs-sauveteurs. L’UIISC 7 est quant à elle créée en 1974, est basée à Brignoles et compte 568 sapeurs-sauveteurs.

Malgré leur dénomination, ces unités sont militaires et relèvent de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises. Leur mission est de soutenir les moyens de secours lors de sinistres ou catastrophes, à la fois sur le territoire national et à l’étranger. Chacune de ces unités est composée d’hommes et de matériels spécialisés dans les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (détection, décontamination de masse…)

L’UIISC 1 est notamment intervenu à Toulouse lors de l’explosion de l’usine AZF le 21 septembre 2001. L’UIISC 7 a également participé à cette intervention, ainsi qu’à la lutte contre le virus Ebola en 2014 et 2015 (Guinée) et celui de la Dengue en 2019 (LA Réunion).


 


La C2NRBC de la Gendarmerie nationale

Créée en 2001 et basée à Versailles-Satory, la cellule nationale nucléaire radiologique biologique chimique (C2NRBC) est une unité de la Gendarmerie nationale unique au monde. Spécialisée dans les risques NRBC, elle est soumise au régime d’alerte permanent et intervient sur l’ensemble du territoire métropolitain, en outre-mer et à l’étranger. La C2NRBC est déployée dans le cadre d'attaques terroristes, de sabotage, mais aussi de catastrophe naturelle, d’accident industriel ou domestique. Elle réalise aussi « classiquement » des missions judiciaires, comme par exemple contrôler des conteneurs suspectés de transporter illégalement des déchets nocifs. Enfin, elle détient un rôle de formation des gendarmes départementaux et mobiles aux risques NRBC.


 

Le récapitulatif de cet article en vidéo : 


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