Le porte-hélicoptères amphibie

Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) anciennement appelé bâtiment de projection et de commandement (BPC) est un navire de la Marine nationale. Polyvalent, le PHA peut être projeté sur court préavis pour constituer une force amphibie avec un détachement de la flottille amphibie, des éléments de l’armée de Terre et de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Le PHA est dédié aux opérations de gestion de crise, de transport de troupes et de matériel ainsi que l’évacuation de ressortissants.

Historique

L’étude d’un bâtiment d’intervention polyvalent (BIP) est officiellement lancée en 1997. Elle vise à remplacer les transports de chalands de débarquement de la classe Ouragan et Foudre retirés du service en 20027 et 2011.

À cette époque, la marine souhaite disposer d’une capacité d’intervention amphibie renforcée pour pouvoir, entre autres, s’intégrer dans des engagements multinationaux décrits dans l’Initiative européenne amphibie.
Les deux points sur lesquels “la royale” souhaite travailler son projet sont l’amélioration de sa capacité d’emport d’aéronefs à voilure tournante et d’accueil de troupes de l’armée de Terre et de véhicules de combat allant du transport de troupes jusqu’aux canons d’artillerie et véhicules blindés.

Le ministre de la Défense de l’époque, Alain Richard, acte le lancement du programme de construction de deux bâtiments le 8 décembre 2000. Le contrat sera notifié le 30 juillet 2001 pour le Mistral et le Tonnerre, le 10 avril 2009 pour le Dixmude.

Construction

La direction des constructions navales (DCNS - aujourd’hui Naval Group)) est le maître d’œuvre des deux premiers navires. Elle assure en moyenne 50 % du chantier (travail et valeur) avec son sous-traitant principal : les chantiers de l’atlantique. Le Dixmude quant à lui est pris en charge par les Chantiers de l’Atlantique pour la plateforme et DCNS pour les systèmes d’armes.

La première découpe de tôle du Mistral à lieu le 9 juillet 2002 à Brest, celle du Tonnerre aura lieu 5 mois plus tard. Après assemblage des parties avant et arrière des deux bâtiments, le Mistral est mis à l’eau le 6 octobre 2004 le Tonnerre le 26 juillet 2005. Fait assez rare pour être souligné, le calendrier de construction a été respecté pour les deux navires. 

Les Caractéristiques du porte-hélicoptères amphibie

• Longueur : 199 m
• Largeur : 32 m 
• Tirant d’eau : 6,2 m
• Déplacement : 21 500 tonnes 
• Vitesse 19 nœuds soit 35 km/h
• Équipage : 200 marins
• Forces embarquées : entre 400 à 900 soldats + un état-major embarqué

Les capacités aéronautiques du PHA

Avec sa plateforme de 6 400 m2, le PHA dispose de 6 plots de poser pour les hélicoptères. La taille du pont permet la mise en œuvre simultanée des aéronefs. Les hélicoptères alliés peuvent s’y poser, mais pour les gammes dites « Super-lourds (Super Station ou Chinook) seul le plot N°1 dispose de la place nécessaire pour ponter en toute sécurité.
La Marine nationale a déjà effectué des essais avec des avions à décollage et atterrissage vertical, mais le revêtement du pont n’étant pas prévus pour cette configuration semblerait trop fragile en cas d’une utilisation trop poussée.

Le hangar de 1 800 m2 permet de stocker 16 hélicoptères. Les machines accèdent au pont d’envol grâce à deux plateformes élévatrices capables de lever 13 tonnes. La plateforme arrière autorise la montée de l’hélicoptère avec la voilure déployée, ce qui écourte le temps de préparation avant le décollage. 

Lors de l’opération Harmattan, le PHA Mistral avait embarqué 20 hélicoptères.

Pour l’appontage des aéronefs, les PHA disposent d’un radar d’approche et, comme pour un porte-avions, une optique avec indicateur de pente et de descente et d’une barre de repère horizontale. 

Les capacités amphibies

Les caractéristiques amphibies d’un porte-hélicoptères amphibie tiennent en quatre points principaux

Sa capacité d’accueil de troupes de combat et donc d’avoir un volume nécessaire de forces pour assurer un gain stratégique si elles doivent débarquer sur une zone sensible ou de combat.

Sa capacité d’accueil des véhicules des troupes à débarquer pour permettre à ces dernières de mener un combat, quel que soit l’environnement, notamment lors de phases de haute intensité.

Sa capacité d’accueillir un poste de commandement capable d’assurer la jonction entre le moment de débarquement des troupes et leur réarticulation avant de mener des combats dans la profondeur. Mais aussi être capable d’assurer le commandement tactique d’une manœuvre complète (débarquement, combat, rembarquement).

Ses moyens de débarquement amphibies, afin de permettre aux troupes de mener une opération amphibie dans un temps contraint et sur des zones peu accessibles.

Capacité amphibie

Les porte-hélicoptères sont capables d’accueillir entre 400 et 900 hommes à bord. Les troupes embarquées (hors équipage) logent des postes de deux à six personnes avec toilettes et douches. Si le volume est trop important, il est possible de loger les militaires sur lits picot dans les hangars.

Accueil des véhicules à bord du PHA

Les porte-hélicoptères amphibies peuvent accueillir la quasi-totalité des véhicules de combat de l’armée de Terre. Du petit véhicule 4X4 jusqu’à un escadron complet de chars Leclerc soit 13 blindés. Lors du lancement de l’opération Serval en 2013 le Dixmude embarque 140 véhicules des VBCI et des chars AMX-10 RC et 1 820 tonnes de matériel dont 50 de munitions.

Le poste de commandement d'un PHA

La taille d’un porte-hélicoptères amphibie permet de disposer d’un poste de commandement moderne et adapté aux besoins des combats modernes. Le PHA dispose de 850 m2 de salles entièrement équipées et connecté pour mettre en œuvre un état-major de 50 à 100 personnes. Cet état-major nommé aussi PC Amphibious Task Force ou Landing Forcesest est apte à conduire des opérations interarmées ou interalliées depuis la mer dans un temps contraint et sur une zone de plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur après le débarquement des troupes.

Les moyens de débarquement d’un PHA

Grâce à son radier, un bassin intérieur de 60 mètres de long et capable d’être immergé de plusieurs mètres par enfoncement du bâtiment, le PHA accueil deux types de navires permettant la récupération des véhicules de combat en pleine mer avec les soldats et l’acheminent vers des zones de débarquement de faible profondeur. Ces mêmes navires sont ensuite stockés dans le radier pendant les liaisons du PHA.

• Le chaland de transport de matériel (CTM). Le PHA peut en accueillir quatre. Chacun d’eux peut accueillir 2 véhicules blindés types VAB ou un Griffon.

• L’engin de débarquement amphibie rapide (EDAR). Le PHA peut en accueillir deux. Un EDAR peut embarquer 80 tonnes de charges, plusieurs blindés (dont des chars de combat. Les rampes avant et arrière évitent les manœuvres de véhicules et permettent aux véhicules d’embarquer normalement depuis le radier et d’êtres déjà en position pour le débarquement sur la plage.

Le PHA : un hôpital sur l’eau

Le porte-hélicoptères amphibie possède des capacités santé exceptionnelles. Sur 750 m2 de pont, l’hôpital comprend une vingtaine de locaux, dont deux salles d’opération, une salle de radiologie, 69 lits, dont 19 médicalisés, soit l’équivalent d’un centre hospitalier d’une ville de 25 000 habitants.

Les missions du porte-hélicoptères amphibie

Les PHA sont capables de réaliser de multiples missions. Sa capacité première est la projection d’une force amphibie aéroterrestre sur une zone de guerre. Avec sa flottille amphibie, son état-major et les forces embarquées, il peut réaliser une « entrée en premier » sur un territoire non reconnu. 

Le porte-hélicoptères amphibie est aussi en mesure d’effectuer du transport opérationnel pour renforcer des déploiements terrestres.

Le PHA peut aussi porter assistance lors d’opération de ressortissants en fournissant non seulement les forces de sécurisation lors de la récupération de personnels civils, mais aussi l’accueil à bord et la prise en charge des blessés. 

Le porte-hélicoptères est aussi un navire école puisqu’il accueille désormais la mission « Jeanne d’Arc » qui finalise les trois ans de formation des officiers de la Marine nationale.

Déploiements des porte-hélicoptères amphibies

Chacun des PHA est déployé à tour de rôle pour la mission Corymbe. Celle-ci permet à la Marine nationale d’assurer une permanence à la mer dans le Golfe de Guinée et au large des côtes d’Afrique de l’Ouest.

On retrouve aussi les PHA sur des opérations emblématiques des armées, notamment 

• Baliste en 2006 : évacuation de 1400 ressortissants français de Beyrouth (Liban)
• Harmattan en 2011 : déploiement d’un détachement aéromobile lors de l’intervention française en Libye
• Serval : Mise en place des moyens humains et matériels pour l’intervention militaire au Mali
• Résilience : évacuation sanitaire de malade du COVID entre la Corse et la France
• Soutien aux populations de Saint-Barthélemy et Saint-Martin touchées par l’Ouragan Irma
• Assistance aux services de secours libanais suite à l’explosion au port de Beyrouth

Les porte-hélicoptères amphibies à l’export

Fin 2010 la Russie annonce qu’elle a retenu les bâtiments de la classe Mistral pour équiper sa flotte maritime. La commande porte sur 1 à 2 bâtiments et l’option d’un transfert de technologie pour en construire d’autres exemplaires en Russie. La crise ukrainienne de 2013 (annexion de la Crimée par la Russie) provoque une grave crise diplomatique entre la Paris et Moscou. Après plusieurs rebondissements, la France annule définitivement le contrat passé de la livraison des deux navires déjà en construction le 5 août 2015. Cette rupture de contrat coûtera près d’un milliard d’euros à l’état français. C’est finalement la marine égyptienne qui se portera acquéreur des deux navires. Ils seront livrés en 2016.

Pour en savoir plus

Retrouvez le porte-hélicoptères amphibie et la mission Jeanne d'Arc dans le dossier de notre dernier numéro.

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