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Marion Poitevin, première de cordée (Portrait DZ 11)

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À 38 ans, Marion Poitevin s’illustre par un parcours hors du commun, reflet de sa passion pour la montagne et de sa persévérance dans un milieu majoritairement masculin. Alpiniste, secouriste et guide de haute montagne, elle affronte avec détermination les difficultés et les clichés, et a fondé son propre club afin d’aider les femmes à “prendre le lead” et devenir des premières de cordée.

 

Un parcours remarquable

À de nombreuses reprises, Marion s’illustre par le fait d’être "la première". En 2006, à l’âge de 21 ans, elle est l'une des huit femmes sélectionnées pour intégrer la première équipe nationale d’alpinisme féminine (ENAF) de la Fédération française des clubs alpins et de montagne. "Cette première expérience m’a permis de me faire connaître, et de montrer qu’il y avait des femmes intéressées par le haut niveau", raconte-elle. L’équipe est rapidement repérée par Thomas Faucheur, qui est à la tête du Groupe militaire de haute montagne (GMHM), une unité rassemblant les "meilleurs chasseurs alpins, explique Marion. C’est la vitrine de l’armée française en termes de performances et de découvertes de territoires éloignés et extrêmes".

Marion Poitevin

Le commandant du GMHM propose aux membres de l’ENAF d’ouvrir les portes du Groupe à l’une d’entre elles, à la condition d’être motivée et de remplir les critères de sélection. À l’époque, Marion n’a pas vraiment le profil d’une militaire, un look plutôt "à la cool" et surtout une image très stricte et patriarcale de l’institution. Elle craint de ne pas détenir le niveau technique suffisant, ou encore de s’ennuyer en étant la seule femme de l’unité, de ne pas développer de liens amicaux avec les autres soldats. Elle tente quand même l’aventure et intègre le Groupe en 2008. Pendant trois ans, elle s’entraîne et réalise ses missions comme ses camarades masculins, et participe même aux jeux mondiaux militaires d’hiver en 2010...

 

Faire évoluer les mentalités

Quelques années plus tard, chez les CRS, l’ambiance est différente. "À 30 ans, avec plusieurs diplômes (dont celui de guide de haute montagne obtenu en 2014), il y a moins de remises en question de mes compétences techniques", souligne Marion. Elle arrive aussi plus facilement à "expliquer ce qu’est une blague sexiste et pourquoi c’est pesant", et les policiers font preuve de davantage de bienveillance que les militaires. Cette progression au sein de l’institution est aussi à mettre en parallèle avec l’évolution des mœurs au sein même de la société. "Ça va dans le bon sens mais c’est toujours trop lentement, ça prendra du temps, la planète aura déjà implosé !", ironise Marion. Alors en 2018, elle prend le problème à bras-le-corps et fonde son propre club d’alpinisme entièrement féminin : "Lead the Climb".

Marion Poitevin, CRS, RAID

Au travers de son parcours et de ses expériences, Marion s’est rendu compte que de nombreuses alpinistes, bien que compétentes, manquaient d’assurance pour prendre le lead lors des excursions. Lorsqu’elle faisait partie de l’ENAF, entourée de femmes, elle se sentait "plus légitime, se souvient-elle. J’osais plus prendre le leadership de la cordée, j’osais prendre des voies dures". Le principe de "Lead the Climb" repose sur ce concept de faire gagner en confiance les femmes, de les former à l’autonomie et au leadership, afin qu’elles aient suffisamment d’aplomb pour ensuite être première de cordée sur une expédition mixte. En 2022, la publication de son livre autobiographique "Briser le plafond de glace", est aussi un moyen de raconter les difficultés auxquelles elle a été confrontée en tant que femme dans sa carrière. Elle souhaite ainsi éveiller les consciences, et ouvrir la voie à des femmes attirées par la haute montagne.

 

Pour en savoir plus

Retrouver l'interview de Marion Poitevin directement sur le podcast de notre chaîne YouTube.

 

 

Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce portrait dans le N°11 de Défense Zone.

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