Dossier DZ 11 : Conflit en Ukraine, guerre de tranchées 2.0 (Part 1.)
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Le conflit en Ukraine est incontestablement le plus couvert de l’Histoire. On redécouvre un conflit de haute intensité sur le territoire européen, ce qui n'était plus arrivé depuis le conflit de 39-45 et à plus petite échelle depuis la guerre des Balkans entre 92 et 95. En dehors des affrontements traditionnels entre soldats, le conflit ukrainien se présente sous de nombreuses formes allant de la guerre de tranchées, jusqu'à l'utilisation des moyens les plus modernes mis à disposition des militaires.
Une guerre de position
Dernièrement dans les médias français, on a pu observer beaucoup “d’experts” comparer la situation en Ukraine à la bataille de Verdun de 1916. En dehors des centaines de kilomètres de tranchées, l’analogie est purement anachronique et faussée. Certes, les lignes de front ont tendance à ne plus vraiment évoluer ces derniers mois et certaines vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des incursions de soldats dans les tranchées adverses.
Néanmoins, en dehors de Bakhmout où les combats les plus violents font rage, les soldats russes comme ukrainiens ne se risquent qu’assez peu à traverser le no man’s land se trouvant entre leurs tranchées respectives. Les combats sont essentiellement menés par l’artillerie qui ne s’arrête jamais de pilonner les positions ennemies. Les tirs de mortiers, de canons, de lance-missiles et même de chars rythment les journées dans les régions occupées par les Russes. On estime qu’environ 20 000 obus sont tirés chaque jour côté russe, contre 6 000 à 7 000 du côté ukrainien.
Une guerre de drones
L'autre grande différence avec les conflits passés est liée à l'utilisation des drones, et notamment des drones de loisir. Si entendre voler des Dji Mavic n'est pas nouveau sur un champ de bataille (c'était le cas à Mossoul, par exemple), il est question d’une première dans le cadre d'un conflit de haute intensité. Discrets et peu coûteux, ces quadricoptères sont de redoutables atouts pour faire du renseignement au-dessus des lignes ennemies.
Collé derrière un mur, un opérateur drone du bataillon de volontaires de Zaporijia nous montre fièrement l'écran de sa télécommande. Son Mavic 3 survole une tranchée russe située à environ un kilomètre de nous. En se basant sur les coordonnées de géolocalisation du drone, une batterie d'artillerie pourrait ainsi toucher sa cible sans difficulté. D’ailleurs, grâce au réseau Starlink d’Elon Musk (largement utilisé des deux côtés des lignes de front), donnant accès aux militaires à un réseau wifi de qualité n’importe où sur le terrain, les dronistes peuvent envoyer un flux vidéo en direct à leur poste de commandement.
Une guerre psychologique
En filmant et diffusant sur les réseaux sociaux ces nombreux largages de munitions sur des soldats russes, l’objectif est de mener une véritable guerre psychologique. La peur de mourir à cause d’une frappe de drone invisible et inaudible est présente des deux côtés. Nous en prenons conscience quand il s’agit de se déplacer sur la ligne de front : “laissez 10 mètres entre vous !”, ordonne l’officier qui nous accompagne. Dissuader l’ennemi de consommer des munitions “pour rien” est une règle d’or ici. Et même en gardant cela en tête, il est difficile de ne pas regarder en l’air et croiser les doigts pour ne pas être pris pour cible…
Pour en savoir plus
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