Géostratégie DZ 12 : L'Iran rebat les cartes
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Cette rubrique du magazine propose un éclairage sur une situation géostratégique complexe, pas toujours correctement vulgarisée et pourtant incontournable pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Aujourd’hui nous nous penchons sur le cas de l'Iran. L'Iran se trouve à un tournant de son histoire. À grand renfort de missiles, de drones et de navires, elle a contraint ses adversaires à la négociation. Aujourd'hui, elle multiplie les efforts diplomatiques pour changer son image et retrouver une place sur la scène internationale. La Chine et la Russie, en dépit de leur influence, ne peuvent garantir cette position. L'Iran a donc besoin, sinon d'un soutien total, de l'assentiment de l'Occident.
Les faux amis de l’Iran
L’entrée en juillet 2023 de l'Iran dans l'Organisation de Coopération de Shanghai est une étape supplémentaire dans la consolidation de l’axe Téhéran-Pékin-Moscou. Cette nouvelle dynamique s'est aussi manifestée par le soutien militaire de l'Iran à la Russie dans le conflit ukrainien. En retour, Téhéran a commencé à négocier pour le réapprovisionnement en composants nécessaires à la fabrication de ses missiles balistiques. En outre, l'annonce de l'accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran le 10 mars 2023, facilité par la Chine, a marqué un tournant sans précédent. Les ambitions de Pékin au Moyen-Orient ont d’abord suscité l'inquiétude du régime. Finalement, Téhéran pourrait être la grande gagnante de ce rééquilibrage.
L’avenir de l’Iran
Les liens avec la Russie et la Chine ne sont pas une solution miracle. L'accord signé avec Pékin début 2021 prévoyait 360 milliards d'euros d'investissements qui peinent à se concrétiser. La Chine préfère adopter une approche très mesurée concernant l'Iran. Elle redoute les sanctions américaines indirectes et n'est guère optimiste quant aux perspectives économiques iraniennes. La Russie, quant à elle, est devenue le premier investisseur étranger en 2022 (4,5 milliards d’euros).
Toutefois, le rapprochement avec Moscou ne fait pas l'unanimité au sein du pouvoir. Certes, la Russie apporte une certaine protection, notamment grâce à son droit de vote au conseil de sécurité des Nations Unis. Cependant, la confiance envers le Kremlin s’est érodée depuis l’enlisement de l’invasion de l’Ukraine. Téhéran a pour le moment toujours refusé d’exporter ses armes les plus performantes. Si le régime reste prudent dans son amitié avec Moscou c’est parce qu’il souhaite se défaire de l’image de paria qui lui colle à la peau. C’est là l’une des conditions indispensables à la réussite de ce qui semble être son objectif à long terme : se rapprocher de l’Occident. En effet, l’Iran multiplie les initiatives en ce sens. Comme en juin 2023, lorsque l’ayatollah Ali Khamenei a déclaré "qu’il n’y a rien de mal dans un accord [potentiel avec l'Occident], mais l'infrastructure de notre industrie nucléaire ne doit pas être touchée".
Mise à jour
Depuis l'attaque du Hamas en Israël, l'Iran semble de nouveau dans une position très compliquée sur la scène internationale. Son soutien au mouvement terroriste palestinien rend le pays de nouveau infréquentable et fragilise sa future position au sein des BRICS. Pour en savoir plus, retrouvez nos articles géopolitiques régulièrement mis à jour dans notre rubrique premium.
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