Focus DZ 11 : Les équipes locales de sécurité pénitentiaire
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Placées sous la tutelle du ministère de la Justice, les équipes locales de sécurité pénitentiaire sont des unités relativement récentes et amenées à être renforcées. L’objectif visé étant que les établissements gagnent progressivement en autonomie dans le domaine de la sécurité.
Un rôle renforcé
Depuis vingt ans, l’administration pénitentiaire a évolué, avec la création de plusieurs entités, comme les équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) en 2003 ou les équipes de sécurité pénitentiaire (ESP) en 2016. En 2019, les missions des ESP s’étendent aux zones extérieures des prisons. Grâce à l’article L223-17 du code pénitentiaire, les agents des ESP sont autorisés à "procéder, sur l'ensemble du domaine affecté à l'établissement pénitentiaire ou à ses abords immédiats, au contrôle des personnes, autres que les personnes détenues", suspectées de préparer une infraction.
Cette prérogative était jusqu’alors réservée aux policiers ou aux gendarmes. Les articles suivants, L223-18 et L223-19, accordent également aux ESP le droit de contrôler l’identité d’une personne suspecte, de procéder à des palpations de sécurité et d’inspecter ses affaires. La fouille ne peut être réalisée qu’avec l’accord de l’individu, par un agent du même sexe ; en cas de refus, les ESP peuvent le retenir jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre. Les ESP regroupent plusieurs unités : les équipes exerçant en unités hospitalières, les équipes nationales de transfèrement, les ERIS et les ELSP. Ces dernières sont créées à partir de 2021 et sont aujourd’hui présentes dans 71 établissements.
Six semaines de formation
Détenir le permis B et réussir l’entretien de motivation devant une commission sont les seuls prérequis pour intégrer ce métier. Une fois sélectionné, le futur agent suivra six semaines de formation à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) durant lesquels il devra obligatoirement valider quatre modules : techniques d’intervention, bâton, tir et conduite d’escorte. Selon Jérôme, le bâton est le module le plus dur physiquement car il faut savoir gérer un assaut d’un ou plusieurs agresseurs pendant 1min30 : rien d’insurmontable, mais "un minimum de cardio" est nécessaire.
D’autres modules, non obligatoires, ont été mis en place : sécurité intérieure (surveillance du chemin de ronde, utilisation d’un lanceur de balle de défense ou d’un fusil à pompe si le mirador de l’établissement est hors service…), secourisme d’intervention et premiers secours (SIPS), conduite opérationnelle de véhicule (rouler en sécurité, se sortir de situations difficiles…) ou encore sécurité périmétrique (zone entre les barrières extérieures et le mur d’enceinte).
Sang-froid et flexibilité
Plusieurs qualités sont nécessaires à l’exercice de cette profession. Comme à l’armée, la cohésion est de mise pour agir en équipe et par exemple "maîtriser un détenu d’1m90, 100kg, ancien boxeur". Il faut aussi savoir garder son sang-froid et maîtriser ses émotions afin "d’intervenir de manière réglementaire". Tout d’abord pour que les agents n’aient rien à se reprocher, d’autant plus qu’ils sont "énormément scrutés par les associations extérieures, les gradés, le corps médical, ou encore l’inspection générale", indique Jérôme.
Un compte rendu est systématiquement rédigé en cas d’incident, mais les caméras réparties sur l’ensemble du site permettent d’avoir "toujours un angle de vue pour justifier ce qu’il s’est passé". Outre cet aspect purement réglementaire, il s’agit aussi de ne pas utiliser contre un détenu des informations vues ou entendues contre lui (annonce d’une maladie lors d’un rendez-vous médical, caractéristique physique révélée lors d’une fouille complète etc.) et de ne pas agir par vengeance ou rancune, même si un collègue a été agressé peu de temps auparavant. Enfin, les ELSP doivent être flexibles, car leurs horaires varient chaque semaine (parfois presque 59h sur une semaine, puis 24h, de nouveau 45h etc.) et des changements peuvent survenir à tout moment.
Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce portfolio dans le N°11 de Défense Zone.
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