Comprendre la guerre d'Ukraine

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Comprendre la guerre d'Ukraine

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Le 24 février 2022, après des semaines de tensions entre la Russie et l’Ukraine, Vladimir Poutine décide d’y envoyer ses troupes. Pour mieux comprendre cette guerre en Europe, la première depuis 1945 impliquant directement ou indirectement plusieurs Etats, Défense Zone vous propose un état des lieux de la situation : point historique, origines du conflit, informations clés et dernières actualités, grâce à un article synthétique mis à jour quotidiennement (cliquez sur "Dernières actualités en bref" dans le sommaire pour lire les infos les plus récentes).

 

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Texte: Emeline Boutry

 

Point historique sur l’Ukraine

Pour comprendre la situation actuelle, il faut revenir sur l’histoire de l’Ukraine, dont les frontières ont énormément bougé, et dont la légitimité est remise en cause par Vladimir Poutine.

IXe siècle : création de l’Ukraine

Au IXe siècle, les Vikings descendent vers la route de la soie et créent le Rus’ de Kiev, un état médiéval prenant pour capitale la Kiev actuelle. Le pays s’étend largement en Europe et devient le plus vaste territoire au XIe siècle, comprenant les actuelles Ukraine et Biélorussie ainsi qu’une partie de la future Russie. C’est pourquoi aujourd’hui, l’Ukraine est considérée par certains comme le berceau de la Russie. Toutefois au XIIIe siècle, les langues ukrainiennes et russes se différencient et deux peuples se distinguent ainsi.

 

XIVe - XVIIe siècles : le soutien russe

Au XIVe siècle les seigneurs polonais règnent en Europe de l’Est et du Nord, et de nombreux paysans ukrainiens sont réduits en servage (ndlr : à la différence de l’esclave, le serf ne peut être vendu, mais sa liberté et ce qu’il produit appartiennent à un noble) et fuient vers le sud et l’est du pays. En 1654, l’Ukraine se place sous la protection du tsar russe Alexis Ier grâce au traité de Pereïaslav. Le pays se trouve alors entre la République des deux nations (ancêtre de la Pologne) à l’ouest et la Russie à l’est. S’en suit des alliances militaires entre les russes et les cosaques ukrainiens.

 

XVIIIe siècle – 1991 : le contrôle par l’URSS

A la fin du XVIIe siècle, la Pologne est vaincue et son territoire est partagé entre trois grands empires : la Russie, la Prusse et l’Autriche. Au XVIIIe siècle, le tsar de Moscou prend le contrôle d’une grande partie de l’Ukraine ainsi que de la Biélorussie. Au cours du XIXe siècle, un mouvement ukrainien veut faire renaître sa culture et sa langue, mais est freiné par l’empire russe. Le nom « Ukraine » voit alors le jour et en 1920 le pays devient la République ukrainienne de Kiev, qui sera rattachée deux ans plus tard à l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques). Avec ses terres riches, l’Ukraine est le « grenier à blé » de l’URSS ; cependant la collectivisation du système agricole par Staline provoque en 1933 une famine en Ukraine, qui déplore alors quatre millions de morts. Cet épisode marquant pour la population est l’une des raisons de sa collaboration en 1941 avec les soldats allemands, et le pays connaît de sanglants combats et de nombreux massacres au cours de la Shoah. En 1955, le pacte de Varsovie est signé par la plupart des pays communistes de l’URSS et représente une alliance militaire conçue en réponse à la fondation de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord) six ans plus tôt.

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1991 : naissance de l’Ukraine moderne

L’Ukraine indépendante moderne ne naît qu’en 1991 à la fin de la guerre froide, lors de l’effondrement du bloc soviétique. L’existence de cette nation est reconnue par des accords internationaux, et entre autres par la Russie. Celle-ci s’engage en 1994 à garantir l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et renouvelle cet engagement en 2009.

Aujourd’hui encore, le territoire est déchiré entre une partie au sud et à l’est à majorité russophone et ainsi pro-russe, et une autre partie au nord et à l’ouest à majorité ukrainophone et ainsi pro-occidentaux. C’est donc dans cette histoire tourmentée que les tensions puisent leurs origines et causent depuis plusieurs années des luttes internes et externes pour faire renverser le pays dans un camp ou dans l’autre.

 

 

2014 : la guerre du Donbass

2004 : la Révolution orange, prémice de la guerre

En 2004, deux candidats s’opposent à la présidentielle ukrainienne : Viktor Iouchtchenko (pro-occidental) et Viktor Ianoukovitch (pro-russe). L’élection du second révolte la population qui suspecte une manipulation de Vladimir Poutine et se soulève lors de la Révolution orange. La Cour Suprême annule les résultats du scrutin pour cause de soupçons de fraude, et les nouvelles élections amènent Iouchtchenko à la tête du pays.

Le territoire reste toutefois divisé, se rapprochant tantôt de l’Europe tantôt de la Russie.

 

La Révolution de Maïdan

En 2010, Ianoukovitch est élu à la présidence. Trois ans plus tard, alors qu’il s’apprête à signer un accord économique avec l’Union européenne, il vire de bord pour préférer la Russie, qui lui promet un prêt de 15 milliards de dollars ainsi qu’une baisse d’un tiers des prix du gaz. A noter que l’Ukraine se fournit à plus de la moitié en gaz chez son voisin russe. Cette décision provoque de nouvelles contestations à Kiev, puis la Révolution de Maïdan s’étend dans l’ensemble du pays notamment à l’ouest.

Cependant, leurs opposants voient ces manifestations comme un coup d’état, notamment dans le sud et l’est comme à Donetsk et Lougansk. En 2014, ces territoires du Donbass font sécession. Dans le même temps, Vladimir Poutine se sent menacé d’encerclement par les Etats-Unis qui étendent leur influence par l’intégration dans l’OTAN d’anciens pays du bloc soviétique, alors qu’ils avaient affirmé en 1991 que « la juridiction militaire actuelle de l’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est ».

 

L’annexion de la Crimée par la Russie

Les manifestations pro-russes se propagent aussi en Crimée. Cette région appartient à l’Ukraine depuis que Khrouchtchev lui ait offert en 1954, et a une localisation stratégique. En mars 2014, un référendum est organisé afin de demander aux habitants de ce territoire s’ils souhaitent être rattachés à la Russie. Bien que ce scrutin ne soit pas reconnu par le droit international, et fort d’une majorité de réponses positives, la Russie annexe la Crimée. Quelques mois plus tard, en avril 2014, les manifestants dans le Donbass se transforment en milices séparatistes, et les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk s’autoproclament indépendantes. Le rattachement de la Crimée à la Russie inquiète l’Ukraine, qui décide de se rapprocher de l’Europe et va même jusqu’à inscrire dans sa constitution, en 2019, l’objectif d’intégrer l’OTAN.

 

Les traités de Minsk et Minsk 2

Face à ces tensions, le traité de Minsk est signé en septembre 2014. Les combats se font moins intenses, mais se poursuivent tout de même.

En février 2015, le traité de Minsk 2 rassemble l’Ukraine, la Russie, et les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Ces accords prévoient notamment un cessez-le-feu immédiat, une autonomie locale temporaire à Donetsk et Lougansk, et un retrait des troupes ukrainiennes et des armes lourdes, créant ainsi une zone tampon de 60 à 70km de large entre les deux nations en conflit.

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La guerre d’Ukraine

La guerre s’enlise entre 2015 et 2019, jusqu’à ce que l’élection du russophone Volodymyr Zelensky à la présidence ukrainienne amène un espoir d’apaisement. Un accord gazier est renouvelé, des prisonniers sont libérés et un cessez-le-feu est de nouveau conclu ; mais les tensions se ravivent en 2021.

 

2020 : la volonté d’intégrer l’OTAN

Le 12 juin 2020 l’Ukraine obtient le statut de partenaire « nouvelles opportunités » auprès de l’OTAN. L’organisme reconnaît en effet la contribution de Kiev aux opérations et exercices de l’Alliance et souhaite par cet acte pérenniser ce lien et développer l’interopérabilité. L’OTAN souligne toutefois que le partenariat « ne préjuge en rien de la décision concernant l’adhésion à l’OTAN », même si c’est le souhait de Volodymyr Zelensky. Les Etats-Unis soutiennent cette volonté d’adhésion, tandis que certains pays membres comme l’Allemagne s’y opposent, craignant des tensions avec la Russie.

 

Avril à décembre 2021 : de nouvelles tensions

Le 1er avril 2021, la Russie est accusée par le gouvernement ukrainien de masser des troupes à ses frontières, ce que Vladimir Poutine justifie par un exercice militaire. Malgré de nombreuses rencontres diplomatiques entre la Russie, l’Ukraine, les Etats-Unis et des pays européens, les tensions s’accentuent dans le Donbass. En novembre, l’Ukraine dénonce de nouveau l’arrivée de près de 100 000 soldats russes dans sa zone frontalière. En retour, le porte-parole de Moscou se dit « préoccupé par les actions provocatrices des forces armées ukrainiennes sur la ligne de contact, et par les préparatifs d’une éventuelle solution militaire au problème du Donbass. »

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Les deux nations voisines se reprochent des mouvements de troupes et d’armes lourdes de part et d’autre de la frontières, la voie diplomatique peine à se faire entendre, et les Occidentaux craignent une escalade du conflit. Milieu décembre, Vladimir Poutine propose deux traités dans lesquels sont inscrits ses exigences face à la politique de l’OTAN qu’il juge « agressive » : pas de création de base militaire américaine dans un pays de l’ex-URSS non membre de l’OTAN, pas de nouvelle adhésion à l’OTAN (ni l’Ukraine, ni même la Finlande ou la Suède), pas d’activité militaire près de la frontière russe.

 

Janvier 2022 : de nombreuses discussions

Le mois de janvier est marqué par de nombreuses réunions et discussions entre les divers protagonistes, afin de tenter d’apaiser les tensions et de trouver une solution diplomatique. Le 10 janvier, des pourparlers ont lieu à Genève. La Russie se réunit avec l’OTAN le 12 janvier, et avec les Etats-Unis seuls le 21 janvier. Entre temps, une cyberattaque de masse frappe l’Ukraine à la mi-janvier et bien qu’elle ne soit pas revendiquée, les soupçons se tournent vers la Russie. Fin janvier, Moscou annonce le transport vers la Biélorussie d’un convoi militaire lourdement armé pour un exercice conjoint. Deux jours plus tard, le conseil de sécurité de l’ONU se rassemble à la demande des Etats-Unis.

 

Février 2022 : l’escalade

Début février, la diplomatie est encore privilégiée entre la Russie et les Etats-Unis puis la France. Pour les deux états occidentaux, une intervention militaire sur le sol ukrainien est exclue, mais des sanctions économiques pourraient advenir en cas d’invasion de l’Ukraine. Au milieu du mois de février, les forces armées russes stationnées en Biélorussie pour, d’après Vladimir Poutine, un exercice, maintiennent leurs positions le long de la frontière, et de nouvelles troupes renforcent la présence russe à l’est.

Le 21 février, alors que les tensions sont encore montées d’un cran, la situation s’emballe et prend un nouveau tournant, lors de l’allocution de Vladimir Poutine à la télévision. Le président russe reconnaît en effet, en dépit du droit international, l’existence et l’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Il envoie des troupes sur ce territoire contrôlé par les séparatistes pro-russes.

Le lendemain, ce mouvement de troupes est qualifié d’invasion par les Etats-Unis, et l’Union Européenne adopte des sanctions économiques contre la Russie dans le but de limiter la capacité du pays à se financer. De son côté, l’Allemagne bloque l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2 qui devait permettre à la Russie d’exporter son gaz en Allemagne sans passer par l’Ukraine. L’ONU appelle à une « désescalade dans la crise ukrainienne, un cessez-le-feu immédiat et le rétablissement de l’Etat de droit. »

 

Evolution jour par jour

24 février

Dans la nuit du 23 au 24 février, plusieurs villes ukrainiennes, dont la capitale, subissent des bombardements. Vladimir Poutine annonce en effet le début d’une opération militaire contre le pays, dans le but de « démilitariser et dénazifier l’Ukraine. » C’est le début de la guerre. Le président Zelensky appelle ses concitoyens à prendre les armes pour repousser l’offensive russe. Quelques heures plus tard, la centrale nucléaire de Tchernobyl tombe sous le contrôle des soldats russes. Ce dépôt des déchets nucléaires serait utilisé par l’armée russe comme point de rassemblement, car il est inattaquable au vu des risques de propagation radioactive dans l’air en cas de tir d’artillerie. Dans l’après-midi, l’Union Européenne annonce de nouvelles sanctions économiques, et Emmanuel Macron s’adresse aux Français, évoquant un tournant historique pour l’Europe.

 

25 février

L’armée russe entre dans la région de Kiev avec ses engins blindés. Les Ukrainiens s’organisent : distribution d’armes et de munitions, destruction de ponts pour ralentir la progression des chars… D’un autre côté, des milliers de familles fuient déjà la capitale et le pays. Dans l’après-midi, Vladimir Poutine déclare : « Je m’adresse aux militaires des forces armées ukrainiennes. Ne laissez pas les néonazis et les ultranationalistes ukrainiens utiliser vos enfants, vos épouses et les personnes âgées comme boucliers humains ! Prenez le pouvoir entre vos mains. Il me semble qu’il nous sera plus facile de négocier avec vous qu’avec cette clique de drogués et de néonazis qui s’est installé à Kiev et a pris en otage tout le peuple ukrainien. » Moscou se dit prêt à négocier si l’Ukraine dépose les armes.

Le soir, Volodymyr Zelensky réplique : « Nous sommes tous ici. Nos soldats sont ici. Les citoyens sont là et nous sommes tous là. Nous défendons notre indépendance. »

 

26 février

Les bombardements sont quotidiens, et touchent non seulement des sites militaires ukrainiens mais aussi des infrastructures et logements civils. Plus de 50 000 personnes ont déjà quitté le pays. Il s’agit essentiellement de femmes et d’enfants, les hommes âgés de 18 à 59 ans étant conscrits et obligés de rester dans leur pays pour se battre dans l’armée ukrainienne. Un couvre-feu est instauré pour le week-end afin de débusquer d’éventuels Russes infiltrés. Le groupe Anonymous quant à lui déclare une cyberguerre à la Russie et revendique le piratage d’une chaîne de télévision russe ainsi que celui du site du ministère de la Défense.

 

27 février

Volodymyr Zelensky demande à ses concitoyens de poursuivre le combat et de fabriquer des cocktail Molotov pour contrer l’avancée russe. Les Etats-Unis lui proposent d’être exfiltré, ce qu’il refuse. Les relations diplomatiques entre les chefs d’états ukrainiens et russes sont rompues, la Russie étend son offensive sur l’ensemble du territoire. De nouvelles sanctions sont prises contre la Russie, en l’excluant notamment du réseau bancaire Swift, ce qui empêche désormais le pays d’effectuer des transactions en devise à l’internationale. Or la Russie réalise de nombreuses importations et exportations ; cette sanction pourrait en partie enrayer son économie, ou la forcer à créer son propre système de transaction. De plus, comme annoncée fin janvier, la France envoie 500 militaires en Roumanie, provenant du 27e bataillon de chasseurs alpins, afin de renforcer la posture de l'OTAN et envoyer un message « dissuasif » à la Russie. Des avions de chasse Rafale réalisent aussi quotidiennement des patrouilles dans le ciel polonais, depuis le porte-avions Charles de Gaulle déployé en Mer Noire.

 

28 février

Une annonce historique ébranle les Européens : Vladimir Poutine annonce mettre en alerte ses forces de dissuasion nucléaire. Escalade des tensions ou ’’simple’’ message à destination des Occidentaux, la menace est prise très au sérieux.

De nouvelles mesures sont prises contre le Kremlin au sein de l’UE: fermeture de l’espace aérien aux compagnies russes, bannissement des médias RT et Sputnik, achat d’armes par l’UE pour un montant de 450 millions d’euros à destination de l’Ukraine. Il est important de noter que c’est la première fois de l’histoire que l’UE finance l’achat d’armes pour un pays non membre, pour une guerre dans laquelle elle n’est officiellement pas engagée. Cet acte inédit peut aussi servir l’argumentaire de Vladimir Poutine, qui soutient que l’UE tente de contrôler l’Ukraine ce qui représente une menace pour la Russie.

Des négociations s’ouvrent entre l’Ukraine et la Russie, bien que Volodymyr Zelensky assure que son pays « ne capitulera pas », et tandis que Kiev résiste toujours aux assauts russes.

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine s’entretiennent 1h30 au téléphone ; le président russe « confirme sa volonté de s’engager sur trois choses » : arrêter les frappes et attaques contre les habitants et résidences civils, préserver les infrastructures civiles (école, hôpitaux…) et sécuriser les axes routiers. Les récents bombardements contredisent toutefois ses propos, car si au début du conflit les frappes étaient davantage ciblées en essayant d’éviter les bâtiments civils, elles sont désormais non discriminées et distinguent moins le civil du militaire, tout en s’intensifiant, causant de lourds dégâts notamment à Kiev et Kharkiv.

 

1er mars

Kharkhiv continue de subir de lourds bombardements tout au long de la journée, détruisant la ville et ses infrastructures (université, locaux de la police, immeuble administratif…). Les chaînes de télé ont arrêté d'émettre à Kiev suite à la destruction de la tour de télévision. Malgré l'annonce de Vladimir Poutine de cette attaque, les lieux n'ont pas été entièrement évacués, et cinq morts sont enregistrés. Un convoi russe de 64km de long se dirige vers la capitale Kiev, composé de blindés et d’armes d’artillerie, et 400 mercenaires de Wagner serait infiltrés dans la capitale avec l’objectif d’assassiner Volodymyr Zelensky. Celui-ci s'est par ailleurs adressé au Parlement européen : « nous voulons que nos enfants vivent. Cela me semble être juste. Hier, seize enfants sont morts. Et encore une fois, le président Poutine dira : "C'est une opération militaire, et nous attaquons l'infrastructure militaire" »

 

2 mars

Des bombardements intenses ont eu lieu à Irpin, dans la banlieue de Kiev, et à Jytomyr. Le convoi russe repéré la veille par satellite semble rencontrer des problèmes lors de son avancée (obstacles par la résistance ukrainienne et manque de ravitaillement en carburant).

L’assemblé générale de l’ONU s’est tenu ce jour pour voter une résolution exigeant le retrait de l’armée russe de l’Ukraine. Sur les 193 pays membres, 141 ont voté pour la résolution, cinq ont voté contre (Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du nord, Erythrée) et 35 se sont abstenus (Chine, Cuba, Inde, Irak…) ; elle est donc adoptée. Emmanuel Macron a salué dans une allocution le « courage du peuple ukrainien qui résiste sous le feu des armes » et rappelé que Vladimir Poutine a refusé la voie diplomatique tentée au début du conflit. Les pourparlers sont toujours en cours pour essayer de stopper les combats, qui provoquent l’exode de centaines de milliers d’Ukrainiens. Le président français indique que « la France prendra sa part » dans l’accueil de ces réfugiés. Enfin, il ajoute que la croissance économique du pays est forcément touchée par cette guerre, et que la France et l’Europe vont « chercher d’autres fournisseurs », et réfléchir à « un plan de résilience économique et social » et « une stratégie d’indépendance économique européenne ».

En Russie, des manifestations contre la guerre ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, comme à Moscou ou Saint-Pétersbourg. Depuis le début du conflit, plus de 8000 Russes ont ainsi été arrêté, en manifestant et s'opposant à une guerre qu'ils jugent fratricide.

 

3 mars

Dans le sud de l’Ukraine, la ville de Kherson est tombée sous le contrôle des troupes russes, qui ont investi le pays depuis le territoire de Crimée. L’armée se tourne désormais vers Marioupol, son prochain objectif lui aussi hautement stratégique, cette ville étant un port donnant sur la Mer Noire. Dans le nord du pays, à Tchernihiv, une frappe russe sur deux écoles et des logements civils ont fait 33 morts.

En Russie, deux médias indépendants ont été fermés par décision de justice. Les médias du pays ont désormais interdiction de mentionner la « guerre » en Ukraine, mais doivent parler d’« opération spéciale » qui a pour but de protéger les habitants du Donbass, sous peine d’être menacé de fermeture.

Suite à un nouvel entretien téléphonique entre les présidents français et russe, Emmanuel Macron annonce que « le pire est à venir » face à la détermination de Vladimir Poutine de « prendre le contrôle » de l’ensemble de l’Ukraine. En outre, si les négociations n’ont pas abouti à un cessez-le-feu, la mise en place d’un couloir humanitaire a tout de même été, en principe, accepté. Il devrait permettre d’évacuer les réfugiés en sécurité.

 

4 mars

Un incendie s’est déclenché dans la centrale nucléaire de Zaporijia, après des tirs d’artillerie lors d’une offensive russe dont les troupes ont désormais pris le contrôle du site. Le feu a été maîtrisé au petit matin par les pompiers ukrainiens. L’agence internationale de l’énergie atomique affirme qu’aucune fuite radioactive n’est à déplorer. La ville de Marioupol continue de vivre une situation « terrible », mais résiste malgré les 40 heures de bombardements en continu. Elle est maintenant prise en étau par les forces russes, venant du sud par Kherson prise la veille, et du nord par le Donbass. En Russie, de nouvelles lois ont été abrogées pour réprimer les médias s’opposant au régime : des médias ont de nouveau été fermés, et toute personne publiant des « informations mensongères » risque 15 ans de prison. Des ONG sont aussi visées, comme Mémorial qui défend les droits humains.

L’ONU a voté en faveur d’une enquête internationale sur les violations russes en Ukraine. Seules la Russie et l’Erythrée se sont opposées à cette enquête, et des alliés habituels de Moscou (Chine, Cuba…) se sont pour leur part abstenus ; la Russie se trouve ainsi de plus en plus isolée sur le plan international.

Enfin, Volodymyr Zelensky souhaite établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de son territoire. Toutefois, l’OTAN a rejeté sa demande, par crainte de déclencher « une guerre totale en Europe » car la seule manière de faire respecter cette décision serait « d’envoyer des avions de chasse de l’OTAN dans l’espace aérien de l’Ukraine, puis d’abattre des avions russes. »

 

5 et 6 mars

L’offensive russe se poursuit dans le pays, qui subit de violents bombardements à Tcherniguiv, Mykolaëv et Marioupol. Dans cette dernière ville, un couloir humanitaire devait être mis en place afin d’évacuer en toute sécurité 200 000 civils, mais n’a toutefois pas pu avoir lieu. Les deux camps se renvoient la responsabilité de cet échec, Moscou accusant Kiev de se servir des civils comme « boucliers humains » et de profiter de la trêve pour renforcer ses défenses, et Kiev reprochant à Moscou de ne pas avoir respecter le cessez-le-feu.

Plusieurs échanges diplomatiques se sont tenus : entre le premier ministre israélien Naftali Bennett et Vladimir Poutine, entre le secrétaire d’état américain Antony Blinken et le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kouleba, et entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Ce dernier échange, par téléphone, a duré 1h45. Le président russe s’est défendu de vouloir attaquer des centrales nucléaires ukrainiennes, mais reste déterminé à atteindre ses objectifs.

En Russie, de nouvelles manifestations contre la guerre en Ukraine se sont déroulées dans une cinquantaine de villes, pendant lesquelles plus de 4 600 personnes ont été arrêtées.

Visa, Mastercard et American Express ont stoppé leurs opérations en Russie. Les cartes bancaires russes ne fonctionnent plus à l’étranger et inversement. Les sanctions économiques inquiètent le ministère russe du Commerce et de l’Industrie, qui craint l’essor d’un marché noir pour les produits alimentaires de base.

Côté sport, si les athlètes russes sont peu à peu bannis des compétitions, le Comité International Olympique estime toutefois qu’il est « trop tôt pour se projeter » concernant la participation ou non de la Russie aux Jeux Olympiques de 2024.

 

Semaine du 7 au 13 mars

L’Union européenne étudie les demandes d’adhésion de l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. Toutefois leur intégration ne se ferait pas avant au moins deux ans. Quant à son adhésion à l’OTAN, Kiev annonce s’être « refroidi », et Volodymyr Zelensky se dit prêt à un compromis avec la Russie concernant les territoires du Donbass et de la Crimée. Il a invité la Russie au dialogue, tout en soutenant que l’Ukraine « ne capitulera pas ». Bien que la semaine ait été marqué par les pourparlers entre les deux nations, la problématique des couloirs humanitaires persiste. Moscou a proposé la mise en place d’une voie d’évacuation… vers son propre pays ou son alliée, la Biélorussie, ce que le président ukrainien a refusé, préférant privilégier les évacuations vers l’ouest. Toutefois dans le nord-est du pays, un convoi de 22 bus transportant 3 500 civils a pu quitter Soumy et rejoindre le centre du pays ; un autre convoi de 39 bus s’apprête à prendre la route également.

La ville de Marioupol continue de subir de lourds bombardements. Une maternité notamment, a été frappée par une bombe, causant la mort de trois personnes dont une enfant. Depuis le début du conflit le 24 février, l’Organisation mondiale de la santé a recensé 18 attaques de ce type contre des établissements de santé. La Russie affirme que le bâtiment était en réalité une base pour les nationalistes. Lors d’une allocution, Emmanuel Macron a montré sa détermination à sanctionner la Russie par « des sanctions massives » si la situation militaire se poursuit dans cette voie et si « les circonstances l’exigent », à soutenir l’Ukraine et à maintenir une action diplomatique pour « isoler la Russie aux Nations Unies et essayer de convaincre le président Poutine de revenir à la table des négociations de manière sincère avec l’Ukraine et le président ukrainien pour trouver un accord ».

Plusieurs entreprises telles que Coca-Cola, Starbucks, L’Oréal, Adidas, Amazon ou encore McDonalds, ont stoppé leur activité en Russie. Les Etats-Unis ont également annoncé l’arrêt des importations de pétrole et de gaz russes, ainsi que de certains produits (diamants, vodka, produits de la mer…) Les banques russes quant à elles ont suspendu la vente de devise étrangère ; il est désormais impossible pour les citoyens russes, et jusqu’au 9 septembre 2022, de retirer ou échanger des devises étrangères.

Malgré les nombreux bombardements partout dans le pays, l’armée russe avance moins vite que prévu et manque d’organisation, selon des spécialistes. La CIA affirme quant à elle que le gouvernement chinois serait « troublé » par les « difficultés russes ».

 

Semaine du 14 au 20 mars

Les frappes russes s’intensifient sur les villes de Kiev, Kharkiv et Marioupol, Moscou indiquant vouloir prendre le « contrôle total » des principales villes ukrainiennes. A Marioupol justement, près de 1 000 personnes s’étaient réfugiées dans un théâtre. Malgré des inscriptions au sol pour avertir de la présence d’enfants, le bâtiment a été la cible d’un bombardement ; si 130 personnes ont pu être sauvées, de nombreuses autres sont encore sous les décombres. « Le seul mot pour décrire ce qui s’est passé aujourd’hui est génocide », s’est exprimé Volodymyr Zelensky, « génocide de notre nation, de notre peuple ukrainien. » Le président ukrainien a également réaffirmé ses priorités : « la fin de la guerre, des garanties de sécurité, la souveraineté, la restauration de l‘intégrité territoriale. »

Joe Biden a qualifié Vladimir Poutine de « criminel de guerre » et a accordé à l’Ukraine une aide supplémentaire de 800 millions de dollars afin que le pays s’équipe de systèmes de défense antiaérienne. La mise en place d’une zone d’exclusion aérienne comme demandé plusieurs fois par Zelensky est toutefois exclue.

Les sanctions économiques contre la Russie persistent et le conflit entre les deux nations voisines ont des répercussions sur les pays européens et dans le monde. En effet, l’Ukraine et la Russie représentent 29% des exportations mondiales de blé. Celles-ci sont suspendues à cause de la guerre, ce qui induit un risque de famine dans certains pays, notamment en Afrique. Si la France ne risque pas de subir de pénurie selon son ministre de l’agriculture, l’augmentation des coûts pour l’alimentation du bétail est par contre probable, et par conséquent, celle des produits finis dans les rayons des magasins.

Outre-Atlantique, les Etats-Unis craignent que la Chine ne soutienne la Russie par des moyens militaires et/ou financiers.

 

 

Moments forts

24 février, treize soldats d’une île ukrainienne refusent de se rendre à des marins russes. Leur échange radio fait le tour du monde : « navire russe, allez vous faire f****e. »

 

24 février, Volodymyr Zelensky appelle la population à prendre les armes : « nous distribuons et distribuerons des armes à toutes celles et ceux qui veulent défendre notre pays et sa souveraineté. »

 

24 février, allocution télévisée d’Emmanuel Macron : « il [Vladimir Poutine] a décidé de porter l’atteinte la plus grave à la paix, à la stabilité, dans notre Europe depuis des décennies. Nous répondrons sans faiblesse, avec sang-froid et détermination […] Les événements de cette nuit sont un tournant dans l’histoire de l’Europe et de notre pays. »

 

27 février, de nombreuses manifestations ont lieu partout en France et dans le monde pour soutenir les Ukrainiens.

 

Bilan actuel

Mis à jour le 20 mars

Kiev annonce un bilan de près de 1 352 civils et 1 300 militaires ukrainiens tués depuis le début de la guerre dont 109 enfants, 2 040 blessés dont 14 enfants, ainsi que 12 000 soldats russes tués200 soldats emprisonnés et 1 336 chars détruits.

Moscou avance de son côté un bilan de 2 870 militaires et nationalistes ukrainiens tués, et 498 soldats russes tués, ainsi que 2 482 objectifs militaires ukrainiens détruits.

Plus de 3,3 millions de réfugiés ukrainiens selon les estimations de l'ONU, essentiellement des femmes et des enfants, ont fui vers la Pologne (plus de 2 millions), la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Moldavie.

Plus de 13 000 personnes arrêtées en Russie pour leur participation à des manifestations contre l’invasion russe en Ukraine, selon les chiffres de l’ONG OVD-Info.

Cinq journalistes tués en Ukraine dans l’exercice de leurs fonctions : Evgueni Sakoun (Ukrainien), Viktor Doudar (Ukrainien), Brent Renaud (Américain), Pierre Zakrewski (Franco-irlandais) et Oleksandra Kuvshynova (Ukrainienne)

 

 

Dernières actualités en bref

Mis à jour le 20 mars

La Russie affirme avoir utilisé pour la première fois des missiles hypersoniques « Kinjal » lors d’un tir contre un entrepôt souterrain d’armement dans l’ouest du territoire ukrainien.

 


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