Ramstein Flag 24 : l’OTAN sur le pied de guerre
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Andravida, Grèce — L'OTAN a lancé un nouvel exercice militaire d'envergure, Ramstein Flag 24, qui se déroule du 30 septembre au 11 octobre 2024 sur la base aérienne grecque d'Andravida, dans l’ouest du Péloponnèse. Cet événement, qui rassemble des forces aériennes, maritimes et terrestres de 12 pays alliés (à noter que la Turquie initialement prévue a finalement décidé de ne pas participer), marque une étape importante dans l'évolution des stratégies d'entraînement de l'Alliance atlantique. Avec plus de 130 aéronefs alliés déployés, ainsi que des troupes et des équipements terrestres et navals, l'exercice vise à tester des tactiques avancées de défense aérienne et de défense intégrée contre les missiles balistiques (IAMD).
Ce déploiement massif est une démonstration de force visant à prouver que l’OTAN reste "prête et résiliente face aux menaces modernes, qu’elles proviennent d’acteurs étatiques ou non-étatiques", nous explique un officier sur place.
Le magazine Défense Zone, seul média français accrédité pour couvrir cet événement, a pu accéder aux coulisses de cet exercice sur la base d’Andravida. Vous pourrez retrouver nos photos exclusives dans le prochain numéro papier.
Une réponse aux menaces évolutives
"Alors que les tensions géopolitiques continuent d’évoluer, l’OTAN doit également adapter ses exercices", a déclaré le Général James B. Hecker, Commandant du Commandement aérien allié. "Ramstein Flag représente l’avenir des exercices de l’OTAN, en se concentrant sur les menaces actuelles et futures".
L’exercice, conçu comme un laboratoire de tactiques militaires, met l’accent sur la neutralisation des capacités de déni d’accès (Counter Anti-Access / Area Denial ou C-A2/AD), une stratégie utilisée par certains États pour dissuader ou empêcher l’accès à certaines zones stratégiques. En réponse, les forces alliées mettent en œuvre des mesures coordonnées pour dégrader ces dispositifs et garantir leur liberté de mouvement.
À travers des scénarios combinant des entraînements synthétiques et des simulations en conditions réelles, Ramstein Flag 24 permet de tester l'interopérabilité entre les différents contingents alliés. Les missions de défense aérienne et de défense contre les missiles balistiques (BMD) sont au cœur de l’exercice, en démontrant la capacité de l'OTAN à protéger efficacement ses membres contre des menaces aériennes et balistiques variées.
Démontrer la résilience de l’Alliance
L’exercice Ramstein Flag 24 vise également à souligner la résilience de l’OTAN dans un contexte où la guerre technologique et l'usage de systèmes avancés de missiles s'intensifient. L'intégration de moyens aériens, terrestres et maritimes, ainsi que la présence de forces spéciales, illustre la capacité de l'Alliance à opérer de manière fluide et coordonnée dans des environnements complexes et changeants.
La base d’Andravida, en Grèce, offre un cadre stratégique idéal pour cet exercice. Située à proximité de zones d’intérêt stratégique en Méditerranée orientale, elle permet de simuler des scénarios réalistes, notamment des défenses contre des attaques balistiques. Les participants ont ainsi l’opportunité d’affiner leurs tactiques et d’optimiser la coordination interalliée, tout en améliorant leur capacité à détecter, suivre et neutraliser des menaces potentielles.
Une présence française importante
La France marque sa présence de manière significative au sein de l’exercice. Engagée avec un important dispositif, l'Armée de l'air et de l'espace a déployé pas moins de 210 aviateurs, huit Rafale, un avion de surveillance AWACS et un ravitailleur Phénix, démontrant son rôle central au sein de l’Alliance atlantique.
Les huit chasseurs Rafale, issus des 4e et 30e escadres de chasse, opèrent depuis la base aérienne d’Andravida. Ce déploiement représente environ 8 % de la flotte totale de Rafale de l’Armée de l’Air et de l’Espace, ce qui témoigne de l’engagement de la France à contribuer de manière significative aux efforts alliés. Au sol, une unité de guerre électronique (EPIGE) et une équipe spécialisée dans les opérations cyber (SIOC) ont également été envoyées pour soutenir la composante aérienne dans un environnement tactique complexe.
Outre les chasseurs, la France a mis à disposition un des quatre AWACS (avions de détection et de contrôle aéroporté) de la 36e escadre de détection et de contrôle aérien (EDCA), basé à Avord. L’AWACS, avec ses radars à longue portée et ses capacités de gestion de l’espace aérien, assure la coordination des mouvements aériens alliés et la détection précoce de menaces potentielles, jouant ainsi un rôle clé dans le contrôle de la supériorité aérienne.
Le ravitailleur Phénix de la 31e escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique (EARTS), stationné à Istres, effectue des vols quotidiens pour ravitailler en carburant les chasseurs alliés opérant au-dessus de la Méditerranée. Capable de transférer environ une tonne de carburant par minute via sa perche rigide, le Phénix permet aux forces alliées de prolonger leur présence en vol, essentielle pour maintenir la supériorité aérienne. Le 4 octobre, par exemple, le Phénix n°46 a transporté 104 tonnes de carburant, permettant de ravitailler plusieurs appareils, dont des F-35 américains et des F-16 roumains.
Texte et photo : Fred Marie