Le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne

Le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne

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Présentation du PGHM

Histoire et création des unités spécialisées montagne

Alors que des associations de secours en montagne naissent dès la fin du XIXe siècle, la première structure étatique n’est créée qu’en 1958 sous la forme d’un Peloton de Secours en Haute Montagne (PSHM).

 

La création de ce service public découle d’un tragique accident en 1956 impliquant deux alpinistes : le français Jean Vincendon âgé de 24 ans et le belge François Henry âgé de 22 ans. Le 22 décembre les deux hommes débutent l’ascension du Mont-Blanc mais sont pris dans une tempête, perdus à 4000 mètres d’altitude. Dans la vallée les secours tardent à s’organiser et éprouvent des difficultés à se coordonner. Un premier hélicoptère est envoyé en mission de sauvetage mais s’écrase contre la montagne à cause des mauvaises conditions météorologiques. Les deux secouristes de l’équipage mettent à l’abri dans la carcasse de l’hélicoptère Vincendon et Henry, puis amènent le pilote et le mécanicien jusqu’à un refuge situé plus haut. Un second hélicoptère réussit à évacuer depuis le refuge les quatre membres de l’équipage, mais le survol de la zone du crash ne montre aucun signe de vie des deux alpinistes. Alors que la météo est toujours mauvaise, les moyens terrestres et aériens sont forcés de faire demi-tour ; les opérations de sauvetage s’arrêtent le 3 janvier. Décédés de froid et d’épuisement, les corps de Vincendon et Henry ne seront redescendus qu’en mars 1957.

 

 

Cette affaire suscite une vive émotion et une polémique au sein de la population et des professionnels de la montagne. La circulaire du 21 août 1598 impose aux Préfets l’organisation des secours en montagne et charge la gendarmerie et les compagnies républicaines de sécurité de la réalisation de cette mission, renforcée si besoin par des effectifs d’associations déjà existantes. Le premier Groupe spécialisé de haute montagne (GSHM) est ainsi créé à Chamonix, et devient en 1971 le PGHM, le Peloton de gendarmerie de haute montagne.

Deux évolutions majeures ont marqué l’amélioration du secours en montagne : l’utilisation systématique des hélicoptères dès 1962, et la médicalisation dans les années 1970.


Répartition des pelotons de gendarmerie

Les unités spécialisées montagne de la gendarmerie comprennent les Pelotons de gendarmerie de montagne (PGM) et les Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM). A eux deux, ces organismes représentent 21 unités et environ 280 militaires réparties sur le territoire français.


Le PGHM compte à lui seul 16 pelotons situés dans les massifs :

  •   des Pyrénées : Pierrefitte-Nestalas, Bagnères-Luchon, Oloron-Sainte-Marie, Savignac-les-Ormeaux, Osséja
  • des Alpes : Chamonix, Briançon, Grenoble, Modane, Annecy, Jausiers, Bourg-Saint-Maurice, Saint-Sauveur-sur-Tinée
  • de la Corse : Corte, Ajaccio
  • de la Réunion : Saint-Denis

Les cinq unités du PGM sont en charge des massifs du Jura, des Vosges et du massif central.

Enfin, le Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la Gendarmerie (CNISAG) est basé à Chamonix en Haute-Savoie et compte 34 militaires et civils dont 14 instructeurs.

 

Les missions du Peloton de gendarmerie de haute montagne

Le PGHM réalise des missions de police administrative, de police judiciaire, et des missions militaires.


Mission de secours en montagne

La principale mission du Peloton de gendarmerie de haute montagne est le secours en montagne. Les gendarmes effectuent la surveillance des secteurs montagneux, la recherche et le sauvetage de personnes disparues ou victimes d’accidents.

Sa présence constante en milieu montagnard lui permet de tisser des liens avec les habitués et professionnels de la montagne, et de participer ainsi à informer le public sur les risques liés à la montagne (échanges, actions de prévention…). Ce dernier aspect est réalisé en collaboration avec les sociétés et associations de secours en montagne telles La Chamoniarde.

Depuis 1958 le PGHM de Haute-Savoie a secouru plus de 50 000 personnes au cours de 40 000 interventions. Ces dernières sont majoritairement exécutées grâce aux moyens aériens des Pelotons, les opérations terrestres ne représentant que 6% du nombre d’interventions.

Les militaires du PGHM possèdent ainsi leurs propres hélicoptères EC-145. Un médecin et deux secouristes embarquent systématiquement à bord. Ils sont diplômés de secourisme professionnel et aussi formés à l’aide à la médicalisation. Ce module spécifique les autorise à effectuer dans le cadre légal certains gestes réservés habituellement au personnel infirmier (aide à la perfusion, préparation d’un plateau d’intubation…)


Autres missions du PGHM

Son rôle de police administrative confère au PGHM le contrôle de la bonne application des réglementations et la possibilité de sanctionner les infractions. Il participe aussi aux commissions de sécurité des domaines skiables, des refuges, ou encore lors de l’ouverture d’une route.

Enfin, les gendarmes de haute montagne sont en charge du traitement judiciaire des interventions. Grâce à leur expertise judiciaire et dans la réglementation en montagne, ils conduisent les enquêtes consécutives à un accident dans ce milieu, afin d’établir l’origine et le déroulé de l’accident, les infractions éventuellement commises 



La formation des gendarmes du PGHM

Comment intégrer le PGHM

Le recrutement des gendarmes du Peloton de gendarmerie de haute montagne se fait parmi les sous-officiers volontaires. Il faut donc avant tout être gendarme, avoir réussi le concours de sous-officier et suivi les dix mois de formation en école.

Les militaires doivent être déclarés aptes médicalement et avoir réussi les tests de sélection du CNISAG, le Centre nationale d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie, basé à Chamonix. Ces épreuves durent trois jours et comprennent un test écrit de connaissances sur la montagne, des épreuves de ski physiques (parcours de plus de 1000 mètres) et techniques (descente libre en piste et en hors-piste), un exercice de recherche de victime d’avalanche, et une épreuve d’escalade.

Le gendarme reçoit son affectation en fonction de ses résultats, des besoins au sein des unités, et de ses souhaits. Pour intégrer un PGHM ou PGM il doit encore obtenir le CEM et le DQTM puis passer une autre phase de sélection.

Les personnes déjà titulaires du brevet d’Etat de guide de haute montagne, ou en cours d’obtention, peut intégrer le PGHM dès la sortie de son école de gendarmerie.


Le Certificat Elémentaire Montagne

Plusieurs certificats et diplômes sont nécessaires au gendarme selon sa fonction au sein du Peloton. Ces formations sont assurées par le CNISAG à Chamonix, ou par des instructeurs au sein même des pelotons.

L’ensemble des militaires des unités montagne possèdent au minimum le CEM, le Certificat Elémentaire Montagne. Celui-ci dure quatre semaines, deux semaines en été et deux semaines en hiver, et permet d’apprendre les fondamentaux de ski, d’escalade et d’alpinisme.

La première semaine est dédiée à l’escalade, qui nécessite à la fois de la force physique, de l’équilibre et de la souplesse. Après la pratique en salle, les stagiaires se rendent sur les grandes voies naturelles.

La deuxième semaine est consacrée au module « école de neige » en haute altitude, pour l’apprentissage de diverses techniques (parer aux glissades, utilisation des piolets et crampons…) et connaissances (nuit en refuge, alpinisme, ascension d’un sommet…)


Le Diplôme de qualification technique montagne

Le gendarme doit avoir réalisé 15 courses en montagne pour se présenter au Diplôme de qualification technique montagne (DQTM). Ce stage dure 17 semaines, six semaines en été, cinq semaines en hiver et deux semaines en automne.

Les connaissances validées par le CEM sont à nouveau contrôlées, notamment l’utilisation du DVA (Détecteur de Victime d’Avalanche). Le stagiaire est testé sur sa résistance physique et sa technique en ski sur tout type de terrain. Vient ensuite la théorie avec des connaissance supplémentaires sur la montagne, la neige (différencier les cristaux et leur résistance…), les déclenchements d’avalanches, la recherche de victime etc. La pratique quant à elle perfectionne les techniques sur cascade de glace et en ski de randonnée notamment pour le raid final sur plusieurs jours.

Les gendarmes ayant validé le DQTM peuvent être chef de cordée, encadrer les stages CEM et former des militaires au sein de leur unité. Ils sont également capables d’appuyer les PGHM lors d’opérations de grandes envergures.


La sélection pour devenir gendarme au PGHM

A l’issu du stage DQTM les gendarmes peuvent se présenter aux épreuves de sélection pour intégrer un Peloton de gendarmerie de haute montagne.

Les tests durent deux semaines et comportent du ski technique, du ski de randonnée, de l’alpinisme sous toutes ses formes, de l’escalade, de l’orientation, des parcours en terrains variés et des tests de connaissances.

Le gendarme doit également justifier une liste de courses de montagne et passe un entretien de motivation.



Seuls une dizaine de gendarmes parviennent chaque année à franchir toutes ces étapes et à intégrer un PGHM ou PGM.


Les différents brevets

Après avoir obtenu le CEM, le DQTM, et passé la sélection du PGHM, le gendarme est enfin intégré dans un Peloton.

Il poursuit alors par 17 semaines de formation spécifique afin d’affiner ses techniques de secours (en montagne et en milieu aquatique), ses compétences en alpinisme et ses connaissances en termes de police judiciaire et administrative. Cette formation lui délivre le BSM, le Brevet de spécialiste montagne.

Les officiers ont la possibilité de réaliser un stage leur permettant d’être diplômé du Brevet chef de caravane de secours montagne (BCCSM).

Enfin, le Brevet de commandant des opérations d’enquête et de secours (BCOES) est dédié aux commandants d’unités et à leurs adjoints afin d’être chef d’opérations.



Les spécialités au sein du Peloton de gendarmerie de haute montagne

Maitre-chien en PGHM

La spécialité de maître-chien d’avalanche au sein de la gendarmerie est créée en 1970. Si les premiers chiens étaient formés par les Suisses, précurseurs en matière de chiens d’avalanche, ils sont aujourd’hui entraînés au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat dans le Lot. Les PGHM et PGM comptent seulement 25 binômes cynotechniques en France.

Les maîtres-chiens sont recrutés sur la base du volontariat parmi les sous-officiers. Le postulant doit avoir servi au minimum deux ans en unité traditionnelle, être apte médicalement, avoir obtenu le Certificat d’aptitude technique, et être âgé de moins de 35 ans.

Comme tout membre du PGHM, le gendarme maître-chien au sein du Peloton doit être détenteur du CEM, du DQTM et du BSM.

La formation se déroule ensuite au CNICG durant 14 semaines, à l’issue de laquelle les équipes sont certifiées en piste. Elle se poursuit au Centre national d’entraînement à l’alpinisme et au ski (CNEAS) à Chamonix pendant trois semaines.

Lors d’opérations de recherche de victime d’avalanche, l’équipe cynotechnique est primo-engagée. L’intervention nécessite en effet de la rapidité, car la durée de survie d’une personne enfouie est de 15 à 20 minutes en moyenne. Le chien est donc un allié essentiel. Il est lâché en liberté sur la zone de recherche, bien que toujours à l’écoute de son maître. Lorsqu’il détecte une présence sous la neige, il abois et commence à gratter le sol, permettant ainsi d’alerter les équipes de secours.


Equipage d’hélicoptère du PGHM

Les conditions d’accès au métier de pilote d’hélicoptère en gendarmerie sont très exigeantes. Ils sont recrutés parmi les gendarmes après de tests techniques, psychotechniques, une visite médicale.

La formation dure 22 semaines au sein de l’école de spécialisation de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT), située à Dax. A l’issu, les stagiaires obtiennent le Certificat technique du 1er degré de pilote ALAT, et les officiers obtiennent le Brevet d’observateur pilote ALAT.

Le recrutement d’anciens pilotes au sein des armées (Terre, Air, Marine) est également une voie possible.

Les mécaniciens sont recrutés parmi les sous-officiers de gendarmerie, et peuvent choisir une spécialité : équipement électricité, cellules et moteurs et matériels électroniques.

Comme pour les pilotes, les recrues peuvent être d’anciens militaires issus des trois armées.

Le stage de mécanicien dure environ six mois à Bourges et délivre le Certificat technique du 1er degré de mécanique (C.T. 1 Mécanique).


Alerter le PGHM en cas d’accident

En cas d’accident en montagne, que vous soyez victime ou témoin, le numéro d’urgence à appeler est le 112.

Pour plus de rapidité et d’efficacité, donnez les informations suivantes : 

  • Qui ? : donnez votre nom, un moyen de communication (numéro de téléphone portable, radio…), votre description (couleurs des habits, nombre de personnes…)
  •  ? : indiquez votre localisation le plus précisément possible (coordonnées GPS, nom du massif/de la voie/du sommet, altitude…)
  • Quoi ? : expliquez brièvement ce qu’il s’est passé (nature de l’accident, déroulé…)
  • Qui est blessé ? : indiquez le nombre de victimes et leur description (sexe, âge, blessures)
  • Infos complémentaires ? : précisez les conditions météorologiques sur place (nuages, vent…), la présence d’obstacles, ou tout autre information qui aidera le pilote.

 

Le récapitulatif de cet article en vidéo : 


    2 commentaires

    • Défense Zone

      Bonjour Pascal,
      Nous sommes un média spécialisé Défense/sécurité indépendant, nous ne sommes pas rattachée à une institution et nous ne disposons donc pas de leurs archives. Je vous invite à contacter directement la Gendarmerie (soit le PGM de Modane soit le SIRPA) afin de voir avec eux s’ils ont des archives photos de cette période que vous pourriez consulter pour rechercher ce qui vous intéresse.
      Cordialement,
      Défense Zone

    • PASCAL

      Bonsoir mon père a été en 1973 commandant du PGM de Modane
      PASCAL Yves, il a aujourd’hui 90 ans.
      A l’époque j’avais 5 ans et mon meilleur ami s’appelait TIMO chien d’avalanche apparemment exceptionnel que mon père gardait a la maison quand son maître était en repos ou vacances.
      Y a t-il des photos d’archives pour pouvoir retrouver ce chien, cela pour un présent à mon père. Merci, dans l’attente d’un retour d’info de votre part, très cordialement.
      C .PASCAL

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