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La livraison par air au 1er régiment du train parachutiste

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Cette semaine, nous avons rendez-vous avec le chef de corps du 1er RTP, le régiment du train parachutiste. Les paras de ce régiment unique en Europe sont en permanence présents aux quatre coins du monde pour réaliser plusieurs missions, notamment de la livraison par air de personnels et de matériel.

 

 

Présentation du chef de corps du 1er régiment du train parachutiste

A Toulouse, le colonel Cabaj, 43 ans, commande le 1er régiment du train parachutiste depuis un an. Après sa formation à l’école de Saint-Cyr entre 1999 et 2002, il choisit l’arme du train dont la mission est l’acheminement par voie terrestre, aérienne ou maritime. Son rôle en tant que chef de corps du 1er RTP est de « fixer un cap » au régiment et lui donner un cadre et une mission claire selon les ordres reçus de son chef. Aujourd’hui, l’effort du régiment doit être de « s’adapter aux avions de nouvelle génération », indique-t-il, « pour être à la hauteur des missions aéroportées d’aujourd’hui et de demain. »

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L’officier prend son rôle de commandement avec passion. Il souligne l’importante pour un chef de prendre conscience « que sans vos subordonnés vous n’êtes rien, que sans eux la mission ne s’accomplit pas. » S’ils doivent être compétents techniquement, leur état psychologique a toute son importance, c’est pourquoi le chef de corps favorise la bienveillance, essentielle dans ce métier exigeant.

 

 

Présentation du 1er régiment du train parachutiste

Le 1er RTP est un régiment unique dans les armées, car le seul dédié uniquement à l’appui à la mise à terre (aérolargage) et au posé d’assaut de parachutistes et de leur équipement. La 11e brigade parachutiste auquel il appartient est la seule à posséder un régiment du train. En effet, les autres RT sont subordonnés au commandement de la logistique, basé à Lille.

 

Un régiment unique

Le 1er RTP agit au profit de la 11e BP mais également d’autres forces afin de larguer du matériel ou du personnel (commandos de la Marine national par exemple)

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Il est une interface entre l’air et la terre, un « régiment para au service des para », soutient le colonel Cabaj. Fortement en lien avec l’armée de l’air et de l’espace, cette connaissance et proximité permet de fluidifier et sécuriser les opérations aéroportées.

 

Les différences avec les armées étrangères

Le personnel du régiment est lui-même parachutiste et peut être amené à sauter de l’avion : « dans l’armée française, le principe est qu’un para largue un para », précise le colonel. Cela favorise la confiance et la sécurité, le largeur connaissant ce qu’est un saut, et le sautant se sachant encadré par une personne aguerrie. Si cette procédure prédomine en France et dans beaucoup de nations, le principe peut tout de même différer selon les pays, notamment lorsqu’il s’agit de larguer du ravitaillement. Au sein des armées de Terre étrangères, les spécialistes préparent les colis à larguer puis les confient à l’armée de l’Air. En France, « il n’y a pas de rupture de responsabilisation », l’armée de Terre récupère le paquet à conditionner, conditionner, charge et largue à partir d’avions de l’armée de l’Air et de l’Espace. Cette manière de faire évite le transfert de responsabilité et respecte le principe de continuité. Elle permet aussi d’agir en soute pendant le vol, car le largage étant un travail de précision, des incidents peuvent survenir à quelques minutes du largage. Les spécialistes en soute peuvent toutefois intervenir et remettre en condition afin que l’opération se déroule normalement.

 

Les spécialités du 1er régiment du train parachutiste

Le chef du corps du 1e RTP l’assure, « le premier et le seul métier du régiment est la livraison par air. Qu’ils soient mécaniciens, secrétaires, transmetteurs… Je dis à tous mes spécialistes qu’ils concourent à la mise à terre et au largage de la 11e brigade parachutiste. »

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La majorité du régiment est spécialisée dans le largage de matériel. Une autre partie est en charge de la maintenance des parachutes (pliage, entretien…), et diverses spécialités existent au sein du 1er RTP comme dans toute unité de l’armée de Terre afin d’assurer son bon fonctionnement : transmetteur, secrétaire, chancelier…

Enfin, certains soldats sont spécialisés dans le largage de personnel. L’ensemble des cadres du 1er RTP ont d’ailleurs la double spécialité, ce qui exige d’eux une grande disponibilité et organisation pour assurer les missions de largage en plus de leur métier « classique ». 

 

Les missions du 1er régiment du train parachutiste

La livraison par air est notamment utilisée pour l’opération Barkhane afin de larguer du ravitaillement.

Le 1er RTP réalise aussi des posés par aérolargage des parachutistes, de leurs équipements et du ravitaillement : « nos opérations commencent quand on largue des commandos para. Elle continue avec le largage des parachutistes. Elle se poursuit par le largage de leur équipement, jusqu’à huit tonnes comme par exemple un véhicule blindé léger, un engin du génie… Et tout cela se poursuit par du ravitaillement par voie aérienne. »

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Il est aussi capable d’effectuer des posés d’assaut ou des posés sur terrain sommaire afin de déployer les troupes en moins de trois minutes.

Enfin, il peut se mettre à disposition d’autres forces aéroportées (commandos marines, légionnaires du 2e REP…) dont l’objectif est de se saisir d’un point en situation de crise.

 

L’importance de la livraison par air sur les terrains d’opérations

La livraison par air est primordiale pour les troupes sur le terrain. C’est pourquoi entre 15 et 20% du régiment est constamment détaché à l’extérieur. Le 1er RTP est ainsi engagé sur l’opération Barkhane au Niger et au Mali, ou sur des missions de courte durée en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et bientôt à Djibouti (opérations de transit aérien des forces spéciales)

 

Les livraisons par air à Barkhane

Dans le cadre de Barkhane, un détachement du 1er régiment du train parachutiste est toujours déployé à N’Djamena (Tchad) et à Niamey (Niger), permettant le transit aérien depuis ces deux plateformes en lien avec l’armée de l’Air et de l’Espace. Les avions de transport tactiques utilisés sont surtout des C130J et des A400M, parfois des Casa. La livraison par air peut être intégrée dans le mode d’action de l’opération afin de « permettre aux troupes sur le terrain de durer », mais peut aussi être déployée en urgence.

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Au Sahel, la livraison par air s’est intensifiée ces dernières années. Les opérations aéroportées sont devenues majeures au moment de l’opération Serval, et de la saisie de Tombouctou avec le largage du 2e régiment étranger de parachutistes et le posé d’assaut du 1er régiment de chasseurs parachutistes. Elles se sont ensuite atténuées, cependant l’opération Barkhane a révélé l’importance de ce mode de livraison pour « s’affranchir de la saison des pluies, des élongations et pour agir dans l’urgence. » Avant 2012, le largage représentait 30 tonnes par an. En 2020, ce chiffre est monté à près de 400 tonnes, et 2021 a encore grimpé jusqu’à 500 tonnes. « Je pense que tout cela va se stabiliser avec la réorganisation de nos troupes à Barkhane », précise le colonel Cabaj.

 

Le détachement maintenance au Niger

Face à un rythme de livraison soutenu, et pour assurer ces nombreux largages, le 1er RTP a déployé un détachement au Niger. Celui-ci réceptionne les parachutes récupérés par les troupes au sol, les sèche, vérifie leur bon état, les plie et les remet en condition. La mise en place initiale a été compliqué, « mais le français est très bricoleur et imaginatif, le para français encore plus, et les plieurs ont réussi à établir un dispositif qui leur permet aujourd’hui de plier dans de bonnes conditions », explique l’officier.

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L’intérêt du largage de personnel

Le chef de corps indique que larguer du personnel dans le cas d’une guerre contre un état compétiteur disposant des mêmes capacités serait un risque bien trop élevé.

Toutefois, ce type de largage dispose de nombreux avantages. Les opérations aéroportées permettent d’agir dans l’urgence en projetant rapidement des forces grâce à un aéronef. L’opération Barkhane « se prête bien à cet atout », précise-t-il. Le largage de commandos parachutistes ou un assaut vertical avec des parachutes à ouverture automatique peuvent surprendre l’ennemi. En s’affranchissant des distances hors normes d’un terrain comme Barkhane, les troupes aéroportées peuvent intervenir au-delà des lignes ennemies, percer leur bulle de protection et les déstabiliser.

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Enfin, il ne faut pas non plus négliger l’effet psychologique d’un tel mode d’action qui prouve la détermination des soldats et accentue la confiance des forces alliées envers eux.

L’officier supérieur du 1er RTP affirme ainsi que les nombreux atouts du largage de personnel feront des troupes aéroportées un élément pertinent et efficace pendant encore de nombreuses années.

 

La coopération internationale

« Le domaine de l’aéroportée est assez limité en termes d’interopérabilité », indique le chef de corps du 1er RTP, à cause des procédures, techniques et matériels différents, ne serait-ce que par la présence en soute de spécialistes de l'armée de Terre dans le dispositif français.

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Cependant dans le cas du largage de personnel, il est plus facile de s'affranchir de ces différences de procédures. Le "cross para" est le fait qu'un avion étranger soit capable de larguer des troupes françaises, ou inversement. Les opérations aéroportées restent sensibles et dépendent de nombreux facteurs (forces au sol, météo…); chaque nation travaille ainsi sur son fuseau national et un peu moins en interalliés afin de limiter les risques. Toutefois des entraînements communs peuvent avoir lieu, comme Falcon Amaranthe avec les britanniques.

 

L'utilisation de l'A400M

La 11e brigade parachutiste peut être engagée dans l’urgence en 12-24-48h, avec ses régiments et ses appuis (poste de commandement...) Le 1er régiment du train parachutiste doit alors suivre pour être capable de larguer dans ce même laps de temps. Son objectif est de gagner en fluidité et de s'adapter à l'A400M, qui possède de plus grandes capacités que les avions d'anciennes générations. Le colonel Cabaj décrit cette période charnière comme le moment « où les armées réfléchissent à la manière de réaliser les opérations aéroportées de demain ».

C'est pour répondre à ces attentes et besoins futurs qu'est né le projet de l'avion A400M Atlas. Après des études et l'établissement d'un cahier des charges par les armées, l'industriel fabrique un prototype, puis le premier modèle, realise des expérimentations en lien avec la Direction générale de l'armement (DGA). Les exigences du ministère de la Défense étaient de pouvoir larguer jusqu'à 92 parachutistes équipés (gaine avec sac 48h, vivres, gilet pare-balles, casque lourd, armement et munitions), ou une charge militaire de 16 tonnes (donner de l'allonge aux troupes au sol avec un engin blindé), ou 20 tonnes de ravitaillement (deux fois plus que les avions d'anciennes générations). « Je pense qu’on va changer d’échelle, indique l'officier, passer du simple au double, et que dans des conflits durcis, ces capacités décuplées grâce à l’A400M et à un 1er RTP qui se sera adapté en conséquence, permettra aux chefs d’avoir une option en plus qui donnera peut-être un avantage stratégique sur l’adversaire de demain. »

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Avant la validation complète de l'appareil, les expérimentations se poursuivent au sein de la Section technique de l’armée de terre dédiée au largage (STAT-TAP) basée à Toulouse. Celle-ci a la charge de décrire les procédures, comme par exemple la façon de larguer une charge volumineuse de manière verticale et non par éjection (qui pourrait abîmer la porte de soirée lors du largage par gravité). Composée d'une trentaine de personnes, elle compte trois sous-officier et un officier venant du 1er RTP.

Enfin, l'aéronef est utilisé par les forces lorsqu' il est déclaré opérationnel.

 

Le recrutement au sein du 1er régiment du train parachutiste


Le chef de corps du 1er RTP ne relève pas de problème de recrutement, soulignant la particularité et l'exigence du métier.

 

La motivation des recrues

Les recrues sont motivées, même si selon ses chiffres, environ la moitié ne connaissait pas forcément le régiment avant d'y entrer: « celui qui connaît et veut venir car c'est valorisant c'est 15-20%, celui qui connaît le régiment après son passage au centre de recrutement c'est 20-30%, et ceux qui arrivent parce qu'ils ont un bon bagage scolaire représentent 40-50%. Enfin, les autres motivations des recrues sont très variables. »

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Concernant les officiers, la motivation est variable également. Si auparavant le train parachutiste attirait beaucoup, aujourd'hui le train "classique" propose de belles opérations « valorisantes, passionnantes. » Selon le chef de corps, le jeune lieutenant est tout de même souvent attiré par les opérations aéroportées.

 

Les qualités pour intégrer le 1er RTP

La remise en question doit être permanente, « car rien n’est acquis ». En effet chaque qualification en appelle une autre, et il fait aussi travailler les nombreuses procédures sur les différents avions. Il est important aussi de savoir se relever après un échec, de par le nombre de formations à réaliser.

Le chef de corps conseille de « cultiver le goût de l’effort et l’humilité », mais admet qu'il est « difficile de se préparer à ce métier avant d’y avoir touché ».

Il reconnaît aussi que le rythme est soutenu, avec une interprojection de 11 mois durant lesquels, mis à part les 3-4 semaines de vacances après quatre mois d'opérations extérieures, il faut se remettre en condition (tir, saut, sport, procédures…), continuer les formations, réaliser les missions classiques (Sentinelle…). C'est « exigeant mais passionnant », se réjouit le colonel, qui indique également l'effort réalisé par les armées pour mieux prendre en compte le facteur humain et créer des bureaux suivant les militaires qui partent ou reviennent d'opex. « Certes, mon personnel est sous tension opérationnelle, mais il est épanoui parce qu’il est responsabilisé et bien employé dans son métier premier », conclut l'officier.

 

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