Géopolitique : Ukraine vs Russie, la guerre du gaz
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Dans cette nouvelle rubrique du magazine, nous vous proposons un éclairage sur une situation géostratégique complexe, parfois peu médiatisée et pourtant incontournable pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Le sujet de ce premier article alimente au contraire toutes les conversations depuis quelques mois. Alors que "seuls" deux pays sont en guerre, les conséquences économiques impactent tous les Européens. Au cœur du sujet : l'approvisionnement énergétique vers l'Europe et notamment le gaz.
Une vieille histoire
La première chose à comprendre, c’est que l’acheminement du gaz russe en Europe est une source de conflit qui date de 2006. Déjà à cette époque, Moscou avait stoppé momentanément l’approvisionnement ukrainien, accusant le pays de réexporter au prix fort du gaz acheté à son fournisseur russe et donc de lui voler une partie de ses bénéfices. Car la situation géographique de l’Ukraine et son passif d’ancien territoire satellite fait de ce pays un adversaire naturel de la Russie depuis l’indépendance de 1991.
En 2009, 60% du gaz russe fourni à l’Union Européenne transite par les gazoducs “Northern Lights” et “Brotherhood” (voir carte). Kiev fait bien entendu payer le droit de passage à Moscou, ce qui pousse cette dernière à trouver d’autres solutions pour fournir ses clients européens très dépendants de la précieuse énergie. Cela a commencé par la construction du réseau “Yamal”, traversant la Biélorussie et la Pologne, puis le “Turkish Stream”, passant par la mer Noire, et enfin le “Nord Stream”, sous la mer Baltique. En 2021, le pourcentage de gaz russe transitant par l’Ukraine est tombé à 25%. Le projet “Nord Stream 2”, visant à doubler la capacité de livraison et dans lequel l’Allemagne a massivement investi, avait comme objectif de s’affranchir encore plus du passage par l’Ukraine. Mais l’invasion russe de février 2022 a forcé Berlin à stopper ce projet
Les autres solutions
La Finlande et les autres pays producteurs de gaz naturel pourraient jouer les sauveurs dans ce conflit énergétique rendu d’autant plus complexe suite à l’action militaire violente de Vladimir Poutine en Ukraine. Cependant, la production et la capacité des gazoducs finlandaises sont déjà au plus haut. Le projet de gazoduc “Baltic Pipe” qui devrait être opérationnel en octobre 2022 a pour but de palier à ce problème. Les pays de l’Union Européenne peuvent également compter sur le gaz algérien acheminé par le réseau “Transmed” vers l’Italie et par “Maghreb Europe” à destination de l’Espagne, mais en traversant obligatoirement le Maroc, dont les relations avec l’Algérie sont tourmentées. Reste le gaz de Sha Deniz en Azerbaïdjan via le corridor gazier “sudeuropéen”, qui exporte déjà plus de 10 milliards de mètres cube de gaz à l’Europe.
Enfin, l’une des solutions pour s’extraire de la dépendance russe, réside dans l’importation de gaz par bateau, notamment depuis les Etats-Unis, le principal producteur au monde avec près de 1000 milliards de mètres cube par an (contre 650 pour la Russie). Le problème, c’est que pour transporter du gaz, il faut le liquéfier à -152 degrés Celsius, puis le regazifier une fois arrivé à bon port. Une opération qui demande des infrastructures très coûteuses dont l’Europe est loin d’être pourvue (seulement 26 terminaux actuellement). Il faut néanmoins savoir que 40% du transport du gaz dans le monde se fait par bateau.
Vous pouvez retrouver l'intégralité de cet article dans le numéro 7 de Défense Zone
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