Alors que les rebelles du M23 ont gagné du terrain dans l’Est de la RDC, à Kananga, une académie militaire résiste au chaos ambiant et prépare, loin du fracas des armes, les cadres d’une armée congolaise encore à inventer. Dans cette institution, une nouvelle génération d’élèves-officiers s’entraîne loin des projecteurs, dans l’ombre des défaites, mais avec la volonté de bâtir l’avenir.
Texte : Thibault Périat - Photos : Ruben Nyanguila / Collectif DR
À Kananga, une académie tient bon. Fondée à l’époque coloniale, réouverte en 2011 avec l’aide de l’Union Européenne, l’Académie militaire congolaise est aujourd’hui la seule institution du pays à former les officiers de toutes armes. Ici, dans la chaleur poussiéreuse du Kasaï-Central, loin des lignes de front, une nouvelle génération se prépare. Pas à la guerre d’aujourd’hui, mais à celle que l’État espère enfin gagner : celle de la reconstruction.
Chaque jour qui compose les trois années de leur formation, les cadets, hommes et femmes, enchaînent les entraînements physiques, les cours de tactique, de droit, de culture générale. Huit heures quotidiennes, suivies des rituels habituels de la vie militaire, à la fin de chaque journée, un élève est désigné pour rendre les honneurs. Le maniement de l’armement et particulièrement de la kalachnikov, est un des fondements de ce cursus. La discipline est partout. Et l’ambition aussi. "A l’académie c’est comme à l’université, mais ici, nous vivons en internat et nos rêves sont tournés vers la nation. Pas vers nos carrières", confie un jeune élève-officier.
Le général de brigade Ali Putshiateo, commandant de l’Académie, fait l’analyse suivante : "Les lacunes du système militaire congolais sont telles que l’intégration massive d’ex-rebelles dans les FARDC, sans base scientifique ni déontologique, a contribué à l’indiscipline et à la fragilisation de l’armée. Seule une réforme en profondeur de la formation militaire peut réellement inverser cette tendance."
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