Dossier DZ 10 : La dissuasion nucléaire

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a rappelé à plusieurs reprises, détenir "des instruments que personne n’a aujourd’hui", ainsi qu’une capacité de "frappe de réponse rapide". Ces constantes allusions à l’utilisation de l’arme nucléaire poussent à nous questionner sur les capacités françaises dans le domaine de la dissuasion nucléaire. Dans ce dossier de notre dernier numéro papier, Défense Zone vous propose un éclairage sur les forces aériennes stratégiques, l’une des composantes essentielles de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Qu’est-ce que la dissuasion ?

Le mot dissuasion vient du latin dissuadere, qui signifie déconseiller, détourner. Son rôle est d’inciter une personne ou une entité à ne pas agir, en la persuadant que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ce mode d’action est préventif, au contraire de la persuasion (convaincre par le raisonnement) ou de la coercition (convaincre par la contrainte). Il n’a pas non plus pour but de neutraliser une force adverse par une action militaire, mais d’influencer la réflexion et la décision...

Le développement du programme français

La France commence ses recherches sur l'énergie nucléaire dès 1945 avec le comité d'énergie atomique (CEA), mais se concentre d'abord sur des applications civiles. Cette posture change du tout au tout lorsque le 29 août 1949, l’URSS fait exploser sa première bombe atomique. La France crée alors une division des applications militaires au CEA, officialisée en 1954 par le gouvernement de Pierre Mendès France. Le 22 juillet 1958, le général De Gaulle annonce le lancement des premiers essais français, qui se tiennent successivement en Algérie et en Polynésie française. Au total, la France en conduira 193. Mais disposer de bombes ou de missiles ne suffit pas, il faut des vecteurs pour les mettre en œuvre.

Les défis opérationnels qui attendent la France

La dissuasion française est aujourd’hui confrontée à de nombreux enjeux politiques, stratégiques et économiques. Afin de poursuivre cette mission sans discontinuité, la France devra maintenir la disponibilité et l’efficacité de ses moyens techniques et humains. Cela inclut la maintenance en condition opérationnelle des vecteurs, la formation technique des personnels, mais aussi l’entretien du savoir-faire et des compétences des industries de la Défense. Les lois de programmation militaires à venir devront aussi prendre en compte voire anticiper l’évolution des technologies, dans le but de moderniser les équipements existants. À l’heure actuelle, il est déjà prévu de remplacer l’ASMPA à l’horizon 2035 par l’ASN4G (air-sol nucléaire de 4eme génération), un missile hypersonique aux capacités améliorées (furtivité, portée, manœuvrabilité…).

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