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Le porte-avions Charles de Gaulle

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Unique porte-avions de la Marine nationale française, le Charles de Gaulle (indicatif visuel R91) est aussi le seul bâtiment à propulsion nucléaire en Europe occidentale. Sous la maîtrise d’œuvre de la direction des constructions navales de Brest, il est entré officiellement en service le 18 mai 2001. Le PA Charles de Gaulle est actuellement le plus grand navire de guerre européen, notamment grâce à sa capacité de projection de 40 aéronefs. 



Histoire du porte-avions Charles de Gaulle

Jusqu’à la fin des années 90, la Marine nationale était dotée de deux porte-avions à propulsion classique avec une chaufferie à vapeur (fonctionnant au mazout) pour entraîner les turbines : le Clemenceau et le Foch. Entrés respectivement en service en 1961 et 1963, ils quittent tous deux le service actif en 1997 et 2000 (pour être définitivement démantelé fin 2010 pour le Clemenceau, le Foch quant à lui sera vendu à la Marine brésilienne en novembre 2000 jusqu’à son démantèlement en novembre 2018). La fin de vie opérationnelle de ces deux bâtiments a contraint les armées à déclencher un nouveau projet de bâtiment porte-aéronefs bien avant le retrait des deux porte-avions français. 

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La construction du Charles de Gaulle

L’idée de se doter d’un nouveau porte-avions date de 1973. Quelques années seulement après la mise en service du Foch et du Clemenceau, la décision ministérielle de commander un nouveau porte-avions est officiellement signée le 7 février 1986 pour un début de chantier le 24 novembre 1987.

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Le choix de la propulsion nucléaire

SI les besoins de se doter d’un nouveau porte-avions sont rapidement identifiés après la mise en service du Foch et du Clemenceau (chaque bâtiment a une durée de vie plus ou moins identifiée dès sa construction), il faudra de nombreuses années avant le démarrage du chantier du futur porte-avions de la « royale ». Au départ, les avis divergent sur les dimensions et même le nom du PA, mais le choix de la propulsion nucléaire lui fait l’unanimité. À l'époque, la France cherche à asseoir son autonomie sur sa politique étrangère et ses actions militaires. C’est aussi un des rares pays à posséder la technologie et les ingénieurs en mesure de développer des chaudières nucléaires capables d’être mises en place sur un bateau ou un sous-marin. Cette technologie offre au navire une totale autonomie que ce soit pour la propulsion, mais aussi la vie à bord. Le seul carburant importé lors des escales ou en mer est destiné aux aéronefs. C’est aussi une économie d’énergie importante, puisque l’on considère que le PA Charles de Gaulle a économisé environ 1,5 milliard de litres de pétrole en 20 ans


Les grandes étapes de la construction du PA Charles de Gaulle

  • 24 novembre 1987, découpage de la première tôle à Brest
  • 14 avril 1989, fin de l’assemblage de la structure, mise en place de la quille et mise sur cale du bâtiment
  • 1991, construction de la coque dans le bassin de Brest
  • 11 septembre 1991, installation du premier turboalternateur
  • 20 décembre 1992, première sortie de bassin pour l’aménagement de la ligne de tins (cales)
  • 7 mai 1994, cérémonie de mise à flot présidée par François Mitterrand
  • 14 juin 1996, visite du Premier ministre Jacques Chirac sur le PA qui porte officiellement le nom de « Charles de Gaulle »
  • 1er février 1997, prise d’armement pour essais
  • 26 janvier 1999, première sortie à la mer
  • 5 juillet 1999, premiers essais aviation
  • 28 septembre 2000, prise d’armement par la Marine nationale
  • 17 octobre 2000, remise à niveau après essais (6 mois)
  • 18 mai 2001, admission au service actif, soit 14 ans après le début de sa construction et des premiers essais

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La construction du porte-avions Charles de Gaulle représente 13 millions d’heures de travail, dont 2 millions consacrées aux études. Il est encore aujourd’hui l’un des plus grands chantiers français de ces 30 dernières années.


Combien coûte le porte-avions Charles de Gaulle

Le budget total pour la construction du porte-avions Charles de Gaulle représente environ 20 milliards de francs soit 3 milliards d’euros. À titre de comparaison, le dernier-né des porte-avions américain (classe Gérald Ford) coûte 11,7 milliards d’euros. Le prochain porte-avions français est déjà annoncé pour un budget minimum de 5 milliards d’euros.

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Incidents et modifications lors de la construction du PA Charles de Gaulle

La mise à la mer du PA Charles de Gaulle et de nombreux problèmes ou incidents sont venus émailler la construction du bâtiment français. Malgré tout, pour un chantier de cette ampleur avec l’arrivée au fil des années de nouvelles technologies, voire de nouveaux avions, les retards sont assez semblables à ceux des autres nations dotées de ce type de navires. On notera cependant quelques incidents ou modifications apportées qui ont retardé la mise aux normes opérationnelles du Charles de Gaulle.

1992 : Lors des premiers essais à la mer, les ingénieurs ont constaté que la piste oblique était trop courte pour un appontage avec des brins d’arrêts dégradés pour les E-2C Hawkeye. Pour un budget finalement assez minime (0,025% du coût total de construction) la tôle du pont d’envol et la coque ont été allongées de six mètres

1999 : Détection d’un phénomène vibratoire à l’arrière du navire lorsqu’il se déplaçait à grande vitesse. À l’origine de ce problème, le positionnement des safrans qui ont été ensuite légèrement déplacés pour se situer dans l’axe des hélices.

2000 : alors qu’il faisait route vers les États-Unis, une pale de l’hélice bâbord se brise, obligeant le navire à retourner à Toulon, son port d’attache. L’enquête déterminera une erreur de fabrication de l’industriel. Quelques mois plus tard, les hélices du Foch et du Clemenceau sont utilisées pour un remplacement temporaire, ce qui contraint le porte-avions à naviguer un peu plus lentement (25 nœuds maximum au lieu de 27). De nouvelles hélices de 20 tonnes et six mètres de diamètre fabriquées aux États-Unis par Rolls-Royce Naval Marine, sont finalement mises en place en mai 2008.

2001 : deux marins sont intoxiqués suite à une inhalation de sulfure d’hydrogène lors d’une opération de maintenance sur un système de collecte des eaux usées. L’un d’eux restera plongé dans un profond coma. Les parents de ce dernier ont saisi la justice qui condamnera, neuf ans plus tard, deux marins à de la prison avec sursis.

2009 : détection d’une usure imprévue sur la ligne d’arbre.

2011 : le revêtement de la piste est jugé trop abrasif pour les nouveaux câbles de fin des brins d’arrêt. La Marine nationale décide d’utiliser une nouvelle peinture capable d’augmenter l’adhérence des trains avant des avions lors de l’appontage.



Les principales caractéristiques du porte-avions Charles de Gaulle

Le PA Charles de Gaulle est aujourd’hui considéré comme un bâtiment de taille moyenne. Plus petits que ceux de la marine américaine, il est beaucoup plus gros que les navires espagnols, italiens ou indiens.

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Les dimensions du PA Charles de Gaulle

  • Longueur : 261,5 mètres
  • Largeur : 64,36 mètres / 31,5 mètres en flottaison
  • Hauteur : 75 mètres 
  • Tirant d’eau : 8,5 mètres (9,5 en charge maximale)
  • Déplacement : 42 500 tonnes en pleine charge

Le système de propulsion du Charles de Gaulle

Ce sont Adyton et Xena (les deux surnoms donnés aux réacteurs du porte-avions) qui sont chargés de délivrer les 83 000 chevaux nécessaires à la propulsion du navire. Leur autonomie est de 7 1/2 ans environ entre deux rechargements de combustibles. La taille modeste des réacteurs et l’absence de réservoirs pour faire fonctionner la propulsion permet de libérer de l’espace sous le pont et donc un emport supplémentaire de carburant aviation (3 400 tonnes) et de 600 tonnes de munitions. Il peut aussi emporter 1 000 tonnes de gazole supplémentaire pour ravitailler ses navires d’escorte.

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Sa vitesse maximale est de 27 nœuds (50 km/h) qu’il peut atteindre en 7 minutes ce qui permet des manœuvres plus rapides et donc d’augmenter ses chances de survie en cas d’attaque. Cette vitesse permet aussi de pouvoir catapulter des Rafale à pleine charge en toute sécurité.


Armement et protection du porte-avions Charles de Gaulle

La protection du porte-avions ne vient pas du bâtiment seul, mais bien d’un environnement complet : le groupe aéronaval (GAN, voir le chapitre dédié). Avant de pouvoir atteindre le Charles de Gaulle, avions, navires de surface ou sous-marins devront passer de nombreuses barrières de protection.

Les Rafales Marine constituent la première ligne de défense, viennent ensuite les missiles Aster 30 et 15 (32 missiles au total) de la frégate de défense aérienne (FDA).

Le porte-avions dispose en propre de 32 missiles Aster 15 (16 bâbord, 16 tribord) capables d’assurer une autodéfense à 360° sur des drones, avions et missiles de croisière jusqu'à 30 km et une altitude de 13 km. Le « Charles » est aussi doté de 12 missiles antiaériens à très courte portée Mistral, de trois tourelles téléopérées Narwhal de 20mm capables de tirer 800 coups/minutes avec un suivi de cibles en mouvement de jour comme de nuit. Il est armé de 8 autres canons de 20mm F2 et de 4 mitrailleuses de 12,7mm.

L’ensemble de la défense du porte-avions est assuré par le système de commandement SENIT 8 qui rassemble tous les systèmes radars de veille (courte et moyenne portée) et centralise les informations de ses systèmes de détection et d’alerte ainsi que ceux des bâtiments du GAN.

Le Charles de Gaulle dispose de systèmes de contre-mesures électroniques, de deux brouilleurs ARBB33, de 4 lance-leurres Sagaie et d’un leurre anti-torpille SLAT.

Le navire en lui-même est jugé particulièrement résistant contre les attaques de missiles. Il serait capable de continuer même après plusieurs impacts grâce à une coque très cloisonnée et un système très avancé de lutte contre les incendies composé de plus de 1 000 détecteurs.


La vie à bord du PA Charles de Gaulle

Le porte-avions Charles de Gaulle embarque environ 2 000 personnes à bord, soit  1 200 marins, 600 militaires dédiés au groupe aérien embarqué (GAE) et 90 marins qui constituent l’état-major.

Pour nourrir l’équipage, deux cuisines tournent en permanence grâce à 75 personnes, dont 30 cuisiniers. Elles disposent d’un stock de 315 tonnes de vivres permettant d’être autonome pendant 45 jours. Navire français oblige, 500 kg de pain sont produits quotidiennement et des viennoiseries sont au menu du petit-déjeuner le dimanche.

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Outre les équipements sportifs et de détente, le PA Charles de Gaulle dispose d’une infirmerie et d’un hôpital sur une zone de plus de 600 m2. L’infirmerie est dotée d’un cabinet dentaire, d’un laboratoire d’analyse médical, d’une salle de radiologie et de trois salles de consultations. L’hôpital possède une salle de triage et de réanimation, deux blocs chirurgicaux (orthopédique et viscérale) et d’une salle pour les grands brûlés. En cas de besoin, en complément des trois médecins de bord et de l’équipe médicale, le PA peut accueillir un dentiste, un médecin et un infirmier anesthésiste, un infirmier de bloc opératoire, deux infirmiers de soins et un manipulateur électroradiologiste supplémentaire. 



Les missions du PA Charles de Gaulle

Les missions du porte-avions Charles de Gaulle sont multiples. Ce sont principalement des missions de guerre sur les opérations en cours (Barkhane et Chammal), mais aussi des missions de permanence à la mer avec le déploiement du groupe aéronaval qui permet de relayer une image forte de la présence militaire française sur n’importe quelle zone du globe. 


Le Groupe aéronaval (GAN)

Véritable symbole d’une grande puissance militaire, le groupe aéronaval est un ensemble de bâtiments de guerre articulé autour d’un porte-avions. On y trouve :

1 sous-marin nucléaire d’attaque (SNA, classe Rubis et Suffren)

2 frégates multi-missions (FREMM, classe Aquitaine)

1/2 frégates antiaériennes (FDA, classe Horizon)

1 frégate de patrouille lointaine (Frégate légère furtive de la classe La Fayette)

1 pétrolier ravitailleur

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Outre la force de dissuasion et l’influence diplomatique que représente le GAN, il peut être employé pour l’attaque d’objectif terrestre grâce à son groupe aérien embarqué, à la protection de routes maritimes militaires ou commerciales à la saturation d’un espace aérien et à la lutte anti-navire ou anti-sous-marine. De plus, en cas de nécessité absolue, les Rafale Marine ont une capacité d’emport de missile ASMPA doté d’une tête thermonucléaire de 300 kt, permettant à la France d’avoir une capacité de lancement de son arsenal nucléaire sur n’importe point du globe avec le PA mais aussi les aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace et les missiles embarqués sur sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE).


Le Groupe aérien embarqué du PA Charles de Gaulle (GAE)

Le nombre d’aéronefs constituant le groupe aérien embarqué varie en fonction des missions. Depuis le départ des Super Etendard, l’uniformisation des pièces de rechange, lieu de stockage  et hangar aviation a permis de gagner en place pour embarquer quelques aéronefs supplémentaires. Aujourd’hui le GAE comprend: 

30 Rafale Marine F3-R, sa capacité d’accueil maximale est de 36.

2 avions de guet avancé E-2C Hawkeye, capable de suivre en propre jusqu’à 2 000 cibles.

2 hélicoptères NH 90 Caïman marine. La version TTH est destinée à l’emport de troupe ou de matériel. La version NFH est chargée de la lutte anti-sous-marine grâce à des bouées acoustiques et des torpilles MU90 ou Mark 46. Pour la lutte antinavire, le Caïman est équipé de missiles Exocet MM40 block 3.

1 hélicoptère AS 365F Dauphin. Appelé « Pedro », sa mission est notamment d’assurer la récupération des pilotes en cas de crash au décollage ou à l’appontage.

1 hélicoptère AS 565 Panther ISR pour les missions de renseignement maritimes

Disponible 24/24h le groupe aérien embarqué peut effectuer jusqu'à 100 vols par jour pendant 7 jours. À pleine charge, le Charles de Gaulle est capable de catapulter un avion toutes les 30 secondes. 

Le système de catapulte dit « CATOBAR » n’est en service qu’en France et aux États-Unis. Ce système de catapulte vapeur (le PA en possède deux) permet aux avions de décoller à pleine charge (carburant, armement ou emport complémentaires comme des réservoirs ou des pods de renseignement) même par gros temps sans entamer le carburant de l’avion pour fournir la puissance nécessaire au décollage. Ce système permet au groupe aérien embarqué de disposer d’un rayon d’action supérieur à tous les autres GAE embarqués sur des porte-aéronefs ne disposant pas de cette technologie. 


Le PA Charles de Gaulle : un outil stratégique et diplomatique

À la suite des attentats de novembre 2015, le président François Hollande ordonne l’appareillage du Charles de Gaulle. Le départ à la mer d’un bâtiment de cette taille est un message fort vers les autres nations. Plus grand bâtiment européen en termes de capacité aérienne, le PA reflète avant tout l’image d’un pays fort avec une armée forte. Si certaines opérations avaient pu être menées depuis des bases terrestres, le faire depuis un porte-avion est empreint d'un véritable poids politique. Le porte-avion est une base aérienne projetable partout dans le monde. La circulation en mer étant libre, le GAN peut se positionner rapidement vers n’importe quelle zone de crise dans des délais relativement courts. Pour le président de la République, le porte-avions offre une grande liberté de manœuvre sans les contraintes de certaines bases avancées comme en 2001, où pour les premières missions aériennes en Afghanistan, les Mirage IV basés dans des pays du Golf n’avaient pas le droit de décoller avec de l’armement.

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Le porte-avions est aussi un outil de rayonnement international et un gage de crédibilité auprès des alliés notamment américains. Pour exemple, le premier “non-américain” à la tête de la Task Force 50 était le contre-amiral René-Jean Crignola avec à sa tête comme navire amiral le porte-avions Charles de Gaulle.



Les principales opérations du porte-avions Charles de Gaulle

Hors période d’arrêt technique majeur (ATM) le PA Charles de Gaulle a été de toutes les grandes opérations françaises dans le monde. Pour soutenir les opérations terrestres comme en Afghanistan au Sahel ou au Levant, pour des opérations aériennes majeures comme en Libye ou lors de missions de plusieurs mois de présence à la mer avec sa participation à de nombreux exercices internationaux.


Afghanistan

Quelques mois après sa mise en service le PA Charles de Gaulle est déployé dans l’océan Indien pour la mission Héraclès. La Task Force 473 appareille le 1er décembre 2001 pour mener des opérations avec ses partenaires de l’OTAN au-dessus de l’Afghanistan. La mission se termine officiellement avec son arrivée à Singapour le 2 mai 2002. Héraclès reste à ce jour le plus long déploiement opérationnel du PA Charles de Gaulle.

En octobre 2010 le PA retourne dans l’océan indien pour la mission Agapanthe ou il effectuera 180 missions de guerre au-dessus de l’Afghanistan. Il quitte la mission de l’OTAN Enduring freedom le 25 décembre de la même année.


Libye

En application de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, le PA quitte Toulon le 20 mars 2011 pour faire route vers les côtes libyennes et participer à la mission Harmattan. Si le bâtiment de la royale accueille plusieurs hélicoptères de combat de l’aviation légère de l’armée de Terre, le groupe aérien effectue 1 350 sorties dont 840 attaques contre des objectifs au sol. La proximité des côtes a permis de réduire les délais d’intervention à une dizaine de minutes au lieu de deux heures depuis la Corse. Le bâtiment regagne Toulon, son port d’attache le 12 août 2011.


Lutte contre l’état islamique

Début 2015, le GAN Arromanches se dirige vers le Golf Persique pour renforcer le dispositif de l’opération Chammal dans sa lutte contre l'État islamique (EI). En novembre de la même année, la mission Arromanches II positionne le GAN en Méditerranée orientale à proximité des côtes syriennes. À ce titre, le 7 décembre il devient le premier navire amiral de la Task Force 50 hors USA à prendre la tête de l’ensemble des forces aéronavales de la coalition. Arromanches III en septembre 2016 sera la dernière participation du Charles de Gaulle à la lutte contre l’EI avant un nouvel ATM en 2018.


Les missions Clemenceau et Foch

Depuis 2019, chaque année le groupe aéronaval appareille pour une mission Clemenceau ou Foch. La TF 473 Clemenceau de mars à juillet 2019 a emmené le GAN de la mer Méditerranée jusqu'à Singapour avec de nouvelles missions de lutte contre Daech dans le cadre de l’opération Chammal. Mission rééditée l’année suivante lors du déploiement de la TF 473 Foch 2020.

Le 3 février 2022, la mission Clemenceau 2022 a quitté Toulon pour une mission principalement effectuée en Méditerranée. Pour l’occasion le GAN est composé d’une FREMM, d’une FREMM DA, d’une FDA, d’un pétrolier et d’un SNA, mais aussi un destroyer américain, une frégate espagnole, une marocaine et une frégate et un sous-marin grecs. Pendant les deux mois et demi de mission, le GAN participera à la mission de soutien de l’opération de l’Union européenne IRINI sur le respect de l’embargo sur les armes libyennes, à l’opération Althea de stabilisation de la Bosnie-Herzégovine ainsi que des missions de combat en soutien de l’opération Chammal.

 

 

Le porte-avions nouvelle génération (PANG)

Posséder un porte-avions permet à la France d’être dans le cercle très fermé des grandes puissances maritimes. Mais le fait de n’avoir qu’un exemplaire pose un certain nombre de problèmes comme son indisponibilité récurrente lors des ATM d’une durée de 18 mois. Dès 2003 la France envisageait déjà la construction d’un deuxième bâtiment, mais les changements politiques, les problèmes budgétaires ou les accords internationaux (il était pendant un temps envisagé de le construire en collaboration avec l’Angleterre) ont reporté le projet pendant de nombreuses années. C’est finalement en 2018 que la ministre des Armées Florence Parly annonce le lancement d’un programme d’étude pour le remplacement du PA Charles de Gaulle dont la fin de vie est annoncée à l’horizon 2040. Le 8 décembre 2020, le président de la République lance officiellement le programme du porte-avions nouvelle génération (PANG).

Les premières études et avant-projets du PANG devraient mener jusqu’en 2025 pour une fin de construction annoncée en 2036 et une mise en service en 2038. Le coût total du programme devrait avoisiner les 5 milliards d’euros auxquels il faut ajouter un coût d’exploitation de l’ordre de 10% de prix total par an.

Le navire sera plus grand d’un tiers environ avec une masse de 75 000 tonnes pour une longueur de 300 mètres. Il sera capable d’accueillir 30 avions de chasse et d’en catapulter 25 par bordées. L’arrivée du prochain avion de combat européen SCAF, plus lourd que le Rafale (30 tonnes) nécessitera de nouvelles catapultes et c’est vers les Américains que la France se tourne avec l’achat des catapultes électromagnétiques EMALS (ElectroMagnetic Aircraft launching System) déjà utilisées sur le nouveau porte-avions USS Gerald Ford depuis juillet 2017. Le PANG devrait disposer de trois catapultes dont une dédiée au déploiement de drones de combat.

La propulsion du navire restera nucléaire, mais avec des réacteurs nouvelle génération, capables de propulser un bâtiment plus imposant. Les nouvelles chaufferies K22 développeront une puissance de 220 MW chacune soit 70 MW de plus que celles du Charles de Gaulle. L’autonomie sera aussi améliorée avec un rechargement du cœur du réacteur tous les 10 ans au lieu de 7 à 8 aujourd’hui permettant de garder, toute sa durée de vie, un taux de disponibilité d’au moins 65%.

Le projet PANG va mobiliser près de 2 000 emplois à temps plein dont 1 400 chez Naval Group et TechnicAtome et 400 dans les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire pour la construction de la coque.



Les autres porte-avions dans le monde

Il faut distinguer trois grands types de navires capables d’embarquer des aéronefs.

Les CATOBAR (Catapult Assisted Take Off But Arrested Recovery) qui disposent de catapultes et de brins d’arrêts. Équipés d’une piste axiale et une oblique, ils mettent en œuvre des aéronefs équipés d'une crosse d’appontage et d’un train avant renforcé pour le décollage. Aujourd’hui seuls la France et les États-Unis sont détenteurs de ces capacités. Les USA alignent 10 bâtiments de la classe Nimitz (330 mètres de long, 88 000 tonnes en déplacement, 90 avions embarqués, équipage entre 5 000 et 6 300 personnes) et 1 nouveau porte-avions de la classe Gérald Ford (332 mètres, 112 000 tonnes en déplacement pour un coût de plus de 11 milliards d’euros).

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Les STOBAR (Short Take-Off But Arrested Recovery) dont le pont avant est en forme de tremplin pour permettre aux avions de décoller (à pleine puissance) sans catapulte. L’inconvénient de ce système est de baisser significativement l’autonomie des appareils. L’appontage se fait sur une piste oblique avec un système de brins d’arrêts.

  • Chine : 2 bâtiments, Liaojning (classe Amiral Kouznetsov) / Shandong (classe 001A)
  • Russie : 1 bâtiment, Amiral Kouznetsov 
  • Inde : 1 bâtiment, INS Vikramaditya (classe Kiev)

Les STOVL (Short Take-Off and Vertical Landing) avec ou sans tremplin, avec ou sans piste oblique, ils ne disposent pas de catapulte et de brins d’arrêts. Ils sont destinés à accueillir principalement des aéronefs à décollage vertical ou des appareils à voilure tournante ou convertible. Plusieurs nations possèdent ce type de bâtiment : 

  • Australie : 2 bâtiments
  • Espagne : 1 bâtiment
  • États-Unis : 9 bâtiments (7 classe Wasp, 2 classe America)
  • Italie : 2 bâtiments
  • Royaume-Unie : 2 bâtiments

 

Retrouvez notre portfolio sur le porte-avions Charles de Gaulle dans le dernier numéro de notre magazine en suivant ce lien ou en cliquant directement sur l'image. 


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