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EMHM : la maison mère des troupes de montagne

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L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, quelles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.
Cette semaine, nous sommes de retour dans les Alpes, à Chamonix plus précisément pour un entretien avec le lieutenant-colonel Renaud Courbion chef de Corps de l'EMHM, l'école militaire de haute montagne. Cette maison mère des troupes de montagne est une institution réputée dans le monde entier et est également un véritable laboratoire pour les armées françaises, notamment en matière de combat en altitude et par grand froid.

 

DZ : Pouvez-vous vous présenter ?

LCL : Je suis le lieutenant-colonel Renaud Courbion, je suis le chef de Corps de l’école militaire de haute montagne à Chamonix.

 

DZ : Vous êtes issu de la brigade de montagne. Pouvez-vous revenir un peu sur votre parcours ?

LCL : Je suis issu des troupes de montagne. Après avoir intégré l’école spéciale militaire de Saint-Cyr il y a 25 ans, j’ai choisi l’infanterie puis les troupes de montagne dans lesquelles je sers maintenant depuis 21 ans. J’y ai exercé diverses fonctions : chef de section, commandant d’unité, et chef du bureau opérations/instructions au sein du 27e bataillon de chasseurs alpins à Annecy. J’ai servi aussi comme instructeur montagne au centre national d’aguerrissement montagne qui était à Briançon. Et puis le dernier poste que j’ai tenu dans les troupes de montagne, juste avant de rejoindre ce poste-ci, était chef du bureau emploi (c’est-à-dire bureau des opérations à l’état-major de la 27e bim)

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DZ : Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’est l’école, qu’elles sont ses missions aujourd’hui au sein de l’armée de Terre et de l’armée française ?

LCL : L’école militaire de haute montagne a presque 90 ans d’existence. Cette école est la maison mère des troupes de montagne dans le sens où elle a une mission de formation. Cette formation se destine plus particulièrement à l’ensemble des cadres servant dans les troupes de montagne, et plus généralement au domaine et interdomaine montagne. Ils sont formés au sein de l’école pour acquérir des compétences d’autonomie dans un détachement, à travers ce qu’on appelle une trame de compétence. C’est-à-dire le fait qu’on se déplace en collectif, avec à l’intérieur de ce détachement un certain nombre de gens qualifiés qui permettent de se déplacer et de vivre en montagne. C’est vraiment le fondement de l’école, former en autonomie l’encadrement (officiers et sous-officiers) des troupes de montagne, et même plus large quand on inclut l’interdomaine montagne (régiments assimilés montagne, mais qui n’appartiennent pas à la 27e bim).

 

DZ : J’ai vu par exemple que vous formiez une partie des forces spéciales sur certains de vos cursus ?

LCL : On ne forme pas de forces spéciales, cependant des forces spéciales rattachées à l’interdomaine montagne peuvent venir. Et nous formons des gens de la 27e bim, qui peuvent intégrer plus tard les forces spéciales avec ces qualifications.

Pour revenir sur les missions de l’école, il y a donc cette notion de formation, et on forme d’une manière technique et tactique par des stages dédiés au combat montagne.

On a en plus une mission de centre expert. On est l’expertise dans le domaine de la montagne et de ses pratiques, au sein de l’armée de Terre et même des armées.

On est aussi un pôle de rayonnement avec l’ensemble des acteurs et en particulier on a le groupe militaire de haute montagne (GMHM) qui œuvre dans ce sens. On a aussi rattaché les équipes de France militaire de ski.

Et puis au-delà de ce rayonnement, on a aussi une mission d’innovation, qui est assez récente et qui nous permet de coordonner en une sorte de hub toutes les actions d’innovations qui concernent le domaine montagne.

 

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DZ : Le combat en montagne est loin d’être une innovation, car historiquement dès la Deuxième Guerre mondiale il y a eu des combats en altitude. Aujourd’hui il y en a encore dans certaines parties du monde (Inde, Pakistan…). Quelle vision avez-vous du combat en montagne au 20e siècle ?

LCL : D’abord, il faut regarder quel est l’ennemi, ce à quoi on va être confronté. Le combat en montagne est pour moi un combat sur les flancs du combat majeur ; et là je m’inscris dans la vision de l’armée de Terre aujourd’hui qui est vers une capacité au retour de la guerre haute intensité en 2030. Il se situera bien à ce niveau-là, soit sur des zones refuges, soit sur des zones à bloquer, circonscrire. On est avec un ennemi qui lui-même s’appuiera sur cet environnement, ou bien ça sera une zone de contournement. C’est-à-dire franchir là où les autres ne sont pas capables de passer, et créer un effet de surprise derrière.

La question est donc : quel est l’ennemi derrière ? Soit un ennemi qu’on va surprendre avec une force mobile et légère en ayant contourné par une zone dite infranchissable, et là ce sera un ennemi plutôt dur, mais qu’on prendra sur ses points de fragilité. Soit un combat en montagne en tant que tel, face à des ennemis qui connaissent et maitrisent leur terrain, les éléments à leur disposition, ont une très grande résilience et force humaine, pas obligatoirement des armées ou opposants très technologiques. Ce sont des gens qu’il faut déloger et neutraliser s’ils s’opposent à notre volonté, et pour lesquelles on doit être prêt et être capable de combattre en montagne.

La première chose est donc de connaitre cet ennemi. Dans ces conditions la prise en compte de l’environnement est importante, car il est très exigeant. Il joue sur toutes les composantes : techniques, savoir-faire humains, qualités humaines… il s’agit donc assez naturellement du choix de la tactique.

Enfin, je dirai que dans le combat aujourd’hui, la valeur temps est à prendre en compte. Elle est souvent démultipliée en montagne parce que lorsqu’on s’engage, quand on fait un choix, il est difficile de réarticuler très rapidement. C’est pour ça que c’est un milieu exigeant qui demande une formation puis un entrainement t spécifique.

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DZ : Vous parlez de la vision armée de Terre et du CEMAAT (chef d’état-major de l’armée de Terre), qui a expliqué dernièrement le retour de l’affrontement plus conventionnel et moins asymétrique. Il a aussi parlé de rusticité, que les entrainements devaient être plus durs. Dans la vallée de Chamonix, vous êtes servis, quand vous partez sur des voies dans des conditions de grand froid ?

LCL : Oui Chamonix est une chance, ça a été une approche visionnaire quand le général Dosse a créé l’école en 1932. On est dans la capitale mondiale de l’alpinisme et du ski. Ce n’est pas le seul lieu où on peut s’entrainer, mais effectivement c’est un milieu qui est abrasif. Chamonix est une petite ville, les contreforts qui nous dominent sont assez impressionnants avec leurs 3800m de dénivelé que nous impose le Mont-Blanc. Mais ce n’est pas tant de savoir si on va aller dans la montagne à Chamonix ou autour, c’est dans la pratique de la montagne. Dans nos formations on est très mobiles, on fait preuve d’une grande agilité pour optimiser les périodes données aux stages de formation, gérer le beau temps ou le mauvais temps quand on en recherche. Naturellement la montagne est un milieu suffisamment abrasif, merveilleux aussi, attirant, qui permet à nos soldats de s’éprouver. Tous les gens qui sont passés à l’école ont une histoire à raconter où ils ont eu le sentiment de se mettre en déséquilibre, de sortir de leur zone de confort. Et je pense qu’au-delà de les former, ça les forge.

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DZ : En parlant de formation, vous avez une particularité en plus ici, qui est la formation de sous-officier assez particulière avec le SEM ?

LCL : Dans nos missions de formations, on forme sur deux points :

  • maison mère des troupes de montagne : tout l’encadrement va passer pour acquérir cette autonomie en montagne.
  • La formation des sous-officiers à la section d’éclaireur de montagne : sur 60 jeunes, on en a environ 30 issus de la vie civile qui ont postulé pour entrer ici en première école (formation de 11 mois), et 30 militaires du rang des corps qui rejoignent l’école en formation semi-directe pour être formé (formation de 8 mois). Ils forment une promo, actuellement nous sommes à la SEM 83. Les promos ont 60 ans, on en a créé plus qu’une par année en fonction des besoins en formation.

C’est une chance que nous laisse l’armée de Terre de pouvoir former nos gens au profit des troupes de montagne et de l’interdomaine montagne. Ici on leur fait une formation dans un esprit très familial très apprécié, qui nous permet d’irriguer l’ensemble des corps de la montagne par des gens qui sont déjà en arrivant dans leur corps de troupe, formés sur le premier tronçon montagne qu’on appelle le brevet de qualification des troupes de montagne. Ils ont une véritable base pour pouvoir très vite acquérir les notions d’autonomie afin de conduire un détachement en montagne, ce qui est le niveau voulu.

Ce sont des jeunes avec des moyennes d’âge très variables, aujourd’hui les plus jeunes ont 18 ans les plus anciens ont 25 ans. Ils ont fait le choix de s’engager pour leur pays dans une expérience qui dure et réellement avec une passion du service du pays, du métier des armes et de la montagne.

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DZ : Quelles sont les qualités ou les compétences qu’il faut pour devenir chasseurs alpins et passer par cette maison mère ?

LCL : Ce n’est pas que les chasseurs alpins, il y a aussi des artilleurs, des cavaliers des cimes, des transmetteurs (qui ont un métier bien particulier en ce qui concerne la mise en place de points hauts, indispensables à la manœuvre en montagne et qui demande un engagement et un isolement pour assurer la liaison entre les différents détachements engagés). On a aussi nos légionnaires qui sont dans le domaine, et des gens du matériel et du train qui sont rattachés à l’interdomaine et peuvent être amenés à être qualifiés en tant que troupes de montagne. 

Concernant leurs qualités, ce sont les qualités de tout soldat qui choisit de s’engager : de la volonté, une grande humilité, car lorsqu’on aborde la montagne c’est toujours un milieu qui vous dominera et sur lequel il faut savoir s’adapter, l’envie de servir, l’enthousiasme de son âge, car on recrute des jeunes, le goût de l’effort, l’envie de s’engager. Un des mots le plus fort ici c’est l’engagement. On le retrouve dans le combat bien sûr, avec ce que peut aller le combat aujourd’hui c’est-à-dire le sacrifice de soi-même pour son pays. Mais très naturellement quand on pratique la montagne, on a toujours un sens de l’engagement fort, tout en sachant renoncer aussi. On ne veut pas de tête brulée ici. Et je crois aussi que c’est un métier de passionné, car pour s’engager dans les montagnes, faire les 1000 mètres, 2000 mètres de dénivelé avec un sac lourd, l’armement, ce n’est pas juste un plaisir de free rider. Mais quand on a cette passion elle nous permet non pas de soulever des montagnes, mais au moins de les franchir, y compris quand tout semble extrêmement difficile, que la météo n’est pas là, qu’il faut continuer. Après on retrouve les qualités naturelles, l’esprit de groupe. Il se forme et se forge au fur et à mesure, et est essentiel.

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DZ : La montagne est un peu une école en soi, le simple fait de la pratiquer.

LCL : Oui bien sûr, c’est ce qui est passionnant et fascinant par ce milieu qui vous apporte tellement de merveilles et qui en même temps vous fait croiser la mort. J’aime bien le dire, dans l’EMHM il y a deux fois la lettre M, militaire, montagne, mais il y a un point de convergence qui est celle de la mort. À défaut de la donner parce qu’en montagne pure ça n’arrive pas, on peut par contre la recevoir, on la côtoie, on vit avec. Tous les jeunes qui entrent ici verront à un moment, statistiquement, un de leur camarade disparaitre. Et parfois ça peut être en montagne. C’est un milieu d’engagement où on doit prendre sur soi, raisonner avec sagesse, prudence, intelligence, tempérance et toujours avec une grande humilité.

 

DZ : Est-ce que vous avez des retours des gens qui partent en opération, sur l’enseignement qu’ils ont reçu ici ?

LCL : Je pense que la formation montagne, au-delà de l’aspect technique, forge les hommes. Elle décuple ces notions de goût de l’effort, de résistance, la notion du collectif, franchir un endroit qui parait pourtant difficilement franchissable. Lorsque le terrain est fortement délité, que les pentes sont engagées, là où des civils ne passeront pas forcément, ma mission me l’impose, car ce passage me fera gagner du terrain, me permettra d’aller sur le bon observatoire (points hauts pour un relai radio, etc). Tout ça, l’école de la montagne forge. Obligatoirement c’est pousser au fond de soi-même, se connaitre, connaitre les autres (on ne ment pas sur la cordée). Chacun peut connaitre des moments de force, de domination, mais aussi de faiblesse, de frayeur. La montagne apporte, pour des questions opérationnelles, une plus grande autonomie quel que soit les niveaux, et permet d’appréhender un peu les responsabilités de l’échelon supérieur. Ça donne une grande force aux troupes de montagne, qui fait qu’obligatoirement tout n’a pas besoin d’être dit avec la même rigueur formelle. Ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas faire preuve d’une grande rigueur, mais dans la forme ça peut changer et ça module l’esprit des troupes de montagne.

 

DZ : L’EMHM est une entité assez internationalisée, car vous accueillez des élèves d’autres pays, vous faites des échanges. Il y a aussi un événement annuel pour réunir les autres acteurs de la montagne dans les armées étrangères.

LCL : Ce qui est intéressant avec nos 90 ans d’histoire, c’est qu’on a la plus vieille école de montagne institutionnelle au niveau mondiale. Il faut l’aborder avec humilité, on porte sur nos épaules le choix de nos anciens. On est à Chamonix dans une capitale mondiale du ski et de l’alpinisme, on a un lieu symbolique, une ancienneté, qui fait qu’on est reconnu ; en plus on est une armée d’emploi, on forme des gens qui vont pour l’emploi et pour le combat. On est très bien reconnu, d’abord dans l’arc alpin avec ses frontières qui nous ont auparavant opposés, mais qui maintenant nous rassemblent. On a de bons rapports avec nos homologues italiens, suisses, avec lesquels on fait des échanges d’instructeurs parfois. On a ce qu’on appelle le IAMMS, l’association internationale des écoles militaires de montagne, qui regroupe une douzaine d’écoles et pour lequel le prochain séminaire devrait se tenir en 2022 à l’EMHM. Les sujets restent encore à définir, mais ça permet de regrouper de manière assez symbolique la dynamique des écoles militaires de montagne.

L’école est très reconnue de ce côté-là, elle est très recherchée par de nombreux acteurs hôtes qui peuvent être européens ou non européens. On a des intérêts à travailler avec des partenaires nordiques pour développer nos savoir-faire dans le domaine grand froid, qui ont des convergences avec ceux des domaines altitudes. On a besoin d’espace de manœuvres pour s’entrainer, et sur notre filière experte on développe un module grand froid pour gagner en maturité et en pratique.

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DZ : Aujourd’hui les conflits ne sont pas trop sur la partie grand froid, plutôt grand chaud. Quelle vision avez-vous sur les conflits futurs ? On parle d’un ennemi conventionnel, d’un conflit grand froid ?

LCL : Je ferai deux remarques sur les conflits de demain. Souvent on reproche aux militaires de se préparer aux conflits d’avant en vue du conflit d’après. Donc tant mieux si aujourd’hui on ne parle pas grand nord, c’est peut-être qu’on a un temps d’avance.

Après, je pense que dans notre métier, on doit être prêt, dans tous les cas. C’est le sens de l’échelon national d’urgence, d’une armée d’engagés, être prêts à répondre à la menace d’où qu’elle vienne. Et l’équation n’est pas simple du tout. Donc ce qu’on fait ici c’est de forger les hommes, en ayant une certaine ouverture d’où pourraient venir les menaces. Je pense que les stratégies et les ambitions politiques de chacun évoluent, et les tactiques devront s’adapter aussi aux terrains qui s’ouvriront par la fonte des glaces ou qui pourront se découvrir. Et là il y a une vraie vision interarmées dans laquelle on cherche naturellement à s’insérer.

 

DZ : Vous parlez de cette fonte des glaces, on pense à ce passage du nord-ouest qui va être un casse-tête géopolitique dans les prochaines années, et ça arrive vite. Le GMHM forme des commandos montagne, c’est en lien direct avec ce que vous faites ici, ce sont des synergies communes. Pouvez-vous en parler ?

LCL : Ça fait partie des missions globales de l’école, le GMHM étant l’un des trois piliers de l’école. On a un vrai domaine de transmission. On le fait à échelle plus réduite, car le groupe est une petite entité, il se concentre sur les commandos montagne qui sont les plus sélectionnés, avec un recrutement plus exigeant dans les bataillons et les unités de la 27e BIM. On a une transmission des savoirs pour une mise en autonomie loin de tout, où affronter le milieu est le premier choc auquel on doit faire face.

Mais ce ruissellement va plus loin, car tout ce qui en est déduit, fait que la France s’affiche très bien dans les grands exercices qu’elle mène avec l’OTAN, avec par exemple l’exercice Cold response. En 2020 c’est un détachement de 400 militaires qui est parti, et typiquement on voit les savoir-faire français, là où on est capable de se lancer dans un combat très mobile dans des durées de temps limités. On cherche aussi à savoir dans quelles durées de temps on peut s’engager, dans quelle mesure on engage la vie des personnels ; mais au-delà de ça, savoir comment surprendre l’ennemi dans ces milieux-là. On a un ruissellement et une volonté forte depuis 2012 et les expéditions UPPICK de transmettre le savoir. Aujourd’hui toutes les manœuvres de formations, les déplacements plus lourds, mais pour des autonomies plus grandes, sont développées dans l’ensemble des unités de la brigade de montagne.

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DZ : Quel serait le conseil que vous donneriez à un jeune militaire ou futur jeune militaire qui souhaiterait rejoindre les troupes de montagne ?

LCL : Je fonctionne avec trois devises :

  • « Toujours à l’affut » : car j’ai été baigné là-dedans depuis tout petit, et c’est ce qui permet de visualiser, d’avoir une vision large et de se tenir prêt à saisir une opportunité.
  • « Qui ose gagne » : vous connaissez bien le régiment qui porte ça. Il faut y aller, il ne faut pas avoir peur.
  • « Croche et tiens » : en avant, rentre dedans. C’est exigeant, il ne faut pas baisser les bras à la première difficulté, car lorsqu’on atteint le pied de la voie c’est là que commence le match, et parfois le plus dur est la dernière longueur, pas obligatoirement là où on le pense.

Avec ça, ça donne déjà un bon sujet de réflexion pour un jeune qui voudrait s’engager. Après, les valeurs de fond comme toujours sont l’humilité face à la montagne. Ce n’est pas l’humilité qui se transforme en humiliation, c’est l’humilité qui nous permet d’avancer de manière raisonnée pour atteindre son objectif derrière.


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