Alex French SAS, des forces spéciales à l’entreprenariat

Alex French SAS, des forces spéciales à l’entreprenariat

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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs.

L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, quelles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

Cette semaine, nous recevons un militaire devenu entrepreneur, après un passage par les forces spéciales. Après 11 ans passés au 1er RPIMa de Bayonne, Alex n'a pas complètement coupé les ponts avec sa première vie de soldat puisqu'il est aujourd'hui conseiller et formateur dans le milieu défense et sécurité, avec sa société "Chiron".

 

 

Le parcours d’Alex

Avant l’armée

Alex a l’envie d’être militaire dès son adolescence, toutefois l’accès aux informations est plus difficile à son époque, internet étant moins développé. Après un bac général scientifique, puis un an de maths sup, il souhaite intégrer l’armée. Le recrutement ne se fait toutefois pas immédiatement et il travaille un an comme chauffeur-livreur à Rungis.

 

Intégration dans les forces spéciales

Grâce à son bac, il intègre l’école des sous-officiers. Il ne savait pas que le cursus idéal, si on tient à rentrer directement dans les forces spéciales, était celui d’EVAT, et ne le découvrit que plus tard. Ses débuts à Saint-Maixent sont hésitants, il se sent « un peu paumé » par rapport à d’autres qui savent marcher au pas, chanter, repasser leur chemise au millimètre près. Très à l’aise en sport et les cours théoriques, il prend davantage confiance en finissant deuxième aux tests primaires. Plus tard, à la fin de la formation, il termine troisième de sa promo et a la chance de pouvoir choisir le 1er RPIMa. Sa formation opérationnelle se poursuit pendant un an et demi, et il évolue au cours de sa carrière comme chef de binôme puis chef de groupe.

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Reconversion après l’armée

Après 11 ans dans les forces spéciales, Alex quitte l’institution en 2015 avec l’envie « d’accomplir autre chose dans ma vie, d’avoir d’autres rêves, et créer mon propre business. » Dans un premier temps, il ouvre un « bar à cocktail et pole dance sur Paris, car ça n’avait pas l’air trop compliqué ». Il devient ensuite consultant indépendant dans le milieu de la Défense, puis crée Chiron, son entreprise de conseil et formation dans le milieu Défense et sécurité. Si la phase de transition entre l’armée et le milieu civil est un peu difficile, il souligne tout de même qu’il est possible avec l’institution d’obtenir un crédit pour une formation ou une aide pour la création d’entreprise (suivi par un conseiller et solde sans prime maintenue jusqu'à 2 ans après le départ de l'unité). Cette petite source de revenus stables est appréciée lorsque des fonds sont investis ailleurs pour un projet entrepreneurial.

 

Sa carrière dans les forces spéciales

Baptême du feu

Alex a participé à tous les types de missions confiées au 1er RPIMA : actions directes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, libération d’otage, mentoring pour les forces étrangères et accompagnement opérationnel, protection rapprochée des commandants de la force sur les théâtres hostiles en Afghanistan, en Centrafrique ou au Sahel.

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Il se remémore en particulier une libération d’otages confrontant son groupe à un nombre d’ennemis important, qui venaient d’enlever des personnes dans le désert. L’opération s’est déroulée sans protection balistique car « trop lourd pour l’hélico », mais a été un succès : « on est très bien entraînés, très bien préparés techniquement et tactiquement, on est très bien entourés par ses collègues en qui on a toute confiance », assure l’ancien soldat. « On maîtrise sa peur, on applique ce qui nous a été enseigné et on accomplit la mission. »

 

La course d’orientation pour être un bon leader

« J’ai appris à être un leader en faisant de la course d’orientation. » Alex explique ce fait surprenant en revenant sur ses débuts à l’école des sous-officiers. Alors qu’il était un peu isolé, il a pu s’affirmer sur le terrain lors des épreuves de marche topo en équipe, car « les gens ne savaient pas lire des cartes. » L’utilisation d’une boussole était inconnue pour beaucoup, et grâce à ses compétences en la matière, Alex a pu expliquer et guider ses camarades, les convaincre d’aller dans telle direction et pourquoi. C’est ainsi qu’il a commencé à commander.

 

Le syndrome de stress post-traumatique et l’armée

Dans un précédent podcast, Mike Echo évoquait « evasan », une adresse mail que tout militaire peut contacter en cas de problème notamment psychologique. Alex relève que même si « l’armée prend la mesure du problème, elle manque parfois de communication, de simplicité, de spontanéité et surtout de proximité. » Le projet « evasan » allie simplicité et proximité, car « ça vient de la base ».

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Les forces spéciales sont poussées dans leurs retranchements et ont une plus forte probabilité d’être exposé à des visions ou missions choquantes. Les recruteurs sont donc attentifs lors des sélections à l’équilibre social et psychique des candidats, veillant à éviter les profils solitaires qui ne vont pas s’intégrer dans le groupe.

 

L’importance d’avoir de l’ego

Pour Alex, il faut distinguer l’ego et l’égocentrisme : « être égocentrique c’est penser qu’on est la seule personne importante dans le monde. Etre narcissique c’est penser qu’on est le plus beau. Mais avoir de l’ego c’est avoir de l’amour propre et du respect pour soi-même. L’ego est avant tout un moteur pour repousser ses limites et rebondir sur ses échecs. Quelqu’un qui a de l’égo se relève et se dit qu’il va prouver qu’il en est capable, qu’il peut réussir. »

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Le manque d’humilité est parfois reproché à l’ancien FS. « L’humilité, ça t’apporte quoi dans la vie ? Des femmes, de l’argent, ça remplit ton frigo ? », surenchit Alex. Lorsqu’il s’est retrouvé à dormir dans sa voiture tandis qu’il investissait ses fonds dans son projet d’entreprise, il s’est dit « arrête d’être trop humble. Tu es quelqu’un qui a une grosse capacité de travail, qui a de l’audace, lances toi ! » C’est ainsi que naît son compte Instagram « Alex French SAS », sur lequel il se sert de son image d’ancien force spéciale pour se vendre et se faire connaître.

 

Une volonté d’entreprendre

Lorsqu’il était dans l’armée, Alex a hésité à poursuivre sa carrière en gravissant les échelons jusqu’à être officier. Les années de formation nécessaires l’ont rebuté, mais sa volonté de manager n’en a pas été moins forte. Une fois dans le privé, il voulait « devenir mon propre chef le plus rapidement possible ». Monter une entreprise demande des compétences qui n’ont rien à voir avec les forces spéciales, comme le marketing, le commerce, démarcher les clients, « il faut tout réapprendre », affirmet-il. Il souligne toutefois qu’ « avoir l’audace de se lancer, l’avoir aucun défi trop difficile à franchir, se challenger, c’est quelque chose qu’on acquiert dans les forces spéciales », qui assure aussi une grande capacité d’organisation et d’autonomie. Quant à la pression, « je la bois ! » , plaisante Alex, « je ne suis pas quelqu’un sujet au stress. C’est une qualité que partage sûrement d’autres militaires et d’autres FS. On devient résilient. »

 

L’entreprise « Chiron »

Services proposés

L’entreprise d’Alex, « Chiron », propose ses conseils et services dans la branche sécurité et défense. Elle réalise des audits de sécurité, du management opérationnel (recrutement, et planning des agents), de la recherche et développement pour les industries de l’armement et de l’équipement, prodigue des conseils authenticité pour les jeux-vidéos et le cinéma (ex : sur le jeu « Ghost Recon » d’Ubisoft), et forme des unités (police, armée, sécurité privée) au tir ou au combat.

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Quel avenir pour la formation privée ?

« Si ce n’était pas l’avenir, je ne me serais pas calé sur le coche ! », soutient le fondateur de Chiron. Celui qui forme certaines unités militaires explique que la formation privée est plus rentable pour chaque partie : « l'État a un budget limité. Entretenir des structures étatiques, payer le salaire des formateurs puis leur retraite, payer les munitions, l’entretien et le stockage des armes, tout ça coûte très cher. C’est une réalité. » Ce service est optimisé dans le privé afin d’être livré « clé en main » au client, et devient plus rentable pour l’armée ou la société qui n’a plus besoin de monter des infrastructures dont elle ne va pas se servir tous les jours. Alex s’efforce à produire un service de haute qualité afin de garantir une satisfaction client, essentielle selon lui. Et « à partir du moment où le service est bien fait et est moins cher, forcément on va aller vers la privatisation. »

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Une activité très encadrée

Avec une vingtaine de formateurs et experts, issus des forces spéciales mais aussi d’unités d’élite du ministère de l’Intérieur, Alex rappelle l’importance de respecter la loi française. Tous les participants à ses formations sont couverts par une note de service validée par leur autorité hiérarchique directe. Ce qu’il propose n’a « rien à voir avec le tir sportif ou les stages mal encadrés qui se passent sous le manteau le week-end. » Il a d’ailleurs obtenu l’agrément du CNAPS pour former et donner les diplômes aux agents de surveillance renforcée de catégorie D et B et ceux des sites sensibles (utilisant des armes de catégorie A1, c’est-à-dire les fusils). Celui qui « n’a qu’un bac » et délivre aujourd’hui des diplômes se dit « très fier de ma société et de mon équipe qui m’a permis d’en arriver là. »

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Être agent de sécurité armé

La vie d'agent de sécurité armé est loin de ce que l’on peut imaginer. « Il ne faut pas s’attendre à gagner beaucoup plus que l'armée », souligne Alex. Et il ne faut pas non plus croire qu’il est facile d’être employé à l’étranger pour des missions sensibles. Alex rappelle que la grande majorité des contrats à l’étranger sont dédiés à de la logistique et que la concurrence avec les pays de l’est et les asiatiques est rude, car beaucoup moins chers. Pour trouver le gros contrat bien payé, le réseau professionnel est indispensable, et celui-ci prend du temps à se mettre en place. La rémunération moyenne d’un d'un agent de sécurité armé en France, selon les indications d’Alex, est d’environ 2000€ par mois, avec par rapport à l’armée « un temps de travail plus souple, un rythme moins élevé. »

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Chiron propose des passerelles pour les militaires avec validation d’acquis d’expérience. Le passage par l’armée est ainsi reconnu comme une plus-value pour travailler dans la sécurité privée ensuite. Il faut toutefois noter que ces diplômes ne sont valables qu’en France et en dom-tom.

 

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